09 – La plaine de Neauphle

publié le 4 septembre 2013 (modifié le 1er juin 2016)

Résumé

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

La plaine de Neauphle sertie dans son écrin boisé, avec Montfort-l’Amaury au premier plan. Vue depuis la tour d’Anne de Bretagne.

La plaine de Neauphle constitue un vaste amphithéâtre creusé dans le relief du plateau d’Yveline et refermé au nord par la ride de Thoiry et la lisière de la forêt de Beynes. Ses horizons boisés lui offrent un écrin protecteur remarquable. Les grandes cultures dominent en cœur de plaine, ponctuées de rares et précieuses structures végétales isolées, tandis que ses lisières laissent place à davantage de diversité, avec des prairies, pâtures et bois qui se mêlent à l’habitat. La plaine est drainée par la Mauldre et ses multiples affluents. Au cœur du département des Yvelines, elle a été de tous temps attractive grâce à son positionnement stratégique, à la fois à la croisée de routes, à proximité de Rambouillet, de Paris, de Versailles et de Saint-Quentin. Elle hérite ainsi d’un très riche patrimoine antique gallo-romain, médiéval défensif puis de villégiature. Cette attractivité ancienne, confortée au cours des dernières décennies par les facilités de déplacements offertes par l’automobile, et par la création de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, ont conduit à une urbanisation plus diffuse et ce "semis" de bâti tend à constituer une couronne continue aux marges de la plaine. Ce développement continu tend à "refermer" des sites paysagèrement et écologiquement sensibles.

Situation

La plaine de Neauphle se situe au cœur des Yvelines, à mi-chemin de Paris et de Dreux (chacune à 35-40 kilomètres à vol d’oiseau), mais aussi de Rambouillet et de la vallée de la Seine (une vingtaine de kilomètres). Elle s’incise en creux dans le nord du plateau d’Yveline occupé par la forêt de Rambouillet et la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle se relie naturellement à la vallée de la Mauldre vers le nord, qui se creuse après Neauphle-le-Vieux et la convergence de ses eaux. Vers l’ouest, sa transition avec le plateau du Mantois est douce (plaine de la Flexanville), tandis qu’au nord-ouest se dessinent les horizons boisés de la ride de Thoiry.

Depuis que Paris a tissé sa toile solide de liaisons rayonnant à l’échelle nationale et européenne, la plaine de Neauphle ne constitue plus le carrefour majeur qu’elle a été et dont témoignent les vestiges gallo-romains à Jouars. Elle reste néanmoins traversée par l’axe de la RN 12 Paris-Dreux. Cette liaison est-ouest au caractère autoroutier après son doublement dans les années 1990, rapproche la plaine de Paris, de Versailles et de Saint-Quentin-en-Yvelines, et la rend attractive pour l’urbanisation résidentielle. L’urbanisation de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines n’a toutefois pas débordé dans la plaine, restant même étonnamment discrète dans le paysage malgré son immédiate proximité. Les bourgs ont gardé leur caractère, malgré la pression qui se lit dans la fragilisation progressive des espaces de respiration qui les espacent les uns des autres. Jouars-Pontchartrain, à la porte de la plaine, est devenue la principale commune (5000 habitants) avec Montfort l’Amaury (3000 habitants), la ville historique dominant la plaine agglomérée avec Méré en aval.

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Schéma d’organisation de la plaine de Neauphle.

Unités de paysage locales :

Le coteau de Neauphle
Le vallon d’Elancourt
Le coteau de Maurepas
Le vallon de la Mauldre
Le vallon du Guyon (les Mesnuls/Saint-Rémy-l’Honoré)
Les buttes de Bazoches et du Tremblay
Le vallon de la Millière (Guyonne)
Les coteaux de Montfort l’Amaury
Les lisières de Méré à Millemont
Le vallon du Lieutel (Grosrouvre)
La plaine du Breuil et du Lieutel
La plaine de Jouars-Pontchartrain
Les lisières de la ride de Thoiry (de Villiers-le-Mahieu à Saulx-Marchais)

Caractéristiques paysagères, repérage d’enjeux

Une vaste plaine agricole tenue dans un écrin de coteaux boisés remarquables

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La plaine de Neauphle bordée à l’horizon par le cordon boisé du coteau qui la sépare de Saint-Quentin-en-Yvelines. Vue de la RD 11 en quittant Saulx-Marchais.

Au cœur du département des Yvelines, la plaine de Neauphle s’organise en une sorte de vaste amphithéâtre, creusé dans le plateau d’Yveline par la Mauldre et ses multiples affluents. Ondulant entre 70 et 100m d’altitude, elle est presque toute entière tenue par des sombres horizons boisés parfaitement tirés à l’horizontale, partout à 170-180m d’altitude, qui lui font un écrin remarquable et contribuent à la claire lisibilité de cette vaste unité paysagère.

Le plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines la borde à l’est (coteau de Neauphle-Elancourt), le plateau de Rambouillet au sud (coteaux de Maurepas à Montfort l’Amaury) et la forêt des Quatre Piliers en partie à l’ouest (La Queue-les-Yvelines-Millemont).

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Le coeur de la plaine de Neauphle, autour du Breuil et du Lieutel, largement dévolu aux grandes cultures et bordé par la ride boisée de Thoiry à l’horizon. Vue vers Boissy-sans-Avoir.

Vers le nord, la plaine vient buter sur les hauteurs boisées de la ride de Thoiry, entre Villiers-le-Mahieu et Saulx-Marchais, que prolonge la lisière de la forêt de Beynes.

La plaine de Neauphle trouve finalement son "échappatoire" par une étroite ouverture de 3 km de large environ, ménagée au nord-est entre Saulx-Marchais et Villiers-Saint-Frédéric, dans laquelle passe la Mauldre avant de se creuser en vallée et de constituer un nouveau paysage (voir unité de paysage « la vallée de la Mauldre »).

A l’ouest, la transition avec le plateau du Mantois drainé par la Flexanville et la Vaucouleurs est douce et progressive ; le passage de l’aqueduc de l’Avre, à la limite des deux bassins versants, permet de la symboliser même si il est actuellement peu perceptible. Au final, la plaine s’allonge sur un maximum de 18 km d’est en ouest pour 12 km du nord au sud.

Neauphle-Pontchartrain : point de convergence de toute la plaine

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Vue sur la plaine et son passage exutoire en direction de Neauphle-le-Vieux, depuis le Tremblay-sur-Mauldre.

Toutes les eaux de la plaine convergent vers Neauphle-le-Vieux : trois rivières principales, Mauldre, Lieutel et Guyonne, auxquels s’ajoutent leurs multiples affluents : rus d’Elancourt et de Maurepas, Couarde et Mormaire, Breuil et Coquerie, Guyon et Gaudignies. Ils sourdent à la base des sables de Fontainebleau qui couvrent les pentes des coteaux. L’ensemble dessine un système hydrographique rayonnant remarquable. De nombreux moulins profitaient autrefois de cette présence de l’eau, notamment sur la Mauldre et le ru d’Elancourt, encore indiqués sur la carte topographique des environs de Paris en 1906.

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Une mise en valeur de l’eau de grande qualité à Garancières, autour du ru du Breuil

Aujourd’hui, ce sont surtout les lavoirs qui témoignent des activités passées liées à l’eau dans la plaine, et parfois le linéaire du réseau de l’eau dans son passage en village, comme à Garancières.

Cette focalisation de la plaine vers son échappatoire nord-est se retrouve dans les tracés des infrastructures de transport. Elles aussi tendent largement à rayonner depuis le secteur Neauphle-Pontchartrain, dont le fonctionnement routier, autour du lieu-dit Le Pontel, se retrouve complexifié.
Au milieu du XIX e siècle, la ligne Paris-Dreux passe elle aussi par ce point névralgique, après avoir contourné le coteau de Neauphle-le-Château-Villiers-Saint-Frédéric par le nord. Elle dessert la plaine par trois gares : Neauphle, Montfort l’Amaury-Méré et la Queue-les-Yvelines. C’est là que se concentrent aujourd’hui les zones d’activités du secteur.

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Le secteur de Neauphle-le-Vieux-Pontchartrain, nœud routier important et complexe à l’entrée nord-est de la plaine de Neauphle.

- Aménager des points de vue dominants sur la plaine.
- Mettre en valeur le site de la confluence à Neauphle-le-Vieux.
- Valoriser la présence de l’eau dans les villages.
- Valoriser le passage de l’aqueduc de l’Avre à travers les espaces agricoles et les villages.

Un coeur de plaine ouvert et lumineux, largement dominé par les grandes cultures

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Les contrastes de la plaine de Neauphle en fonction des saisons, ici au printemps et en été. Vues vers le nord depuis le Tremblay-sur-Mauldre.

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Source : IGN

Auteuil et Saulx-Marchais en 1949 et aujourd’hui. En 1949, le semis des arbres fruitiers, développé sur les parcelles en lanières héritées de la vigne, accompagnait le bâti et gagnait la plaine céréalière en une douce transition. Les vergers ont totalement disparu aujourd’hui. (Source : IGN)

Il y a moins de 100 ans, la plaine était en bonne partie occupée par la vigne et les vergers, qui « descendaient » largement des coteaux pour se mêler aux céréales dans un parcellaire en fine marqueterie. Aujourd’hui, vignes et vergers ont quasiment disparu et les grandes cultures occupent presque entièrement l’espace de la plaine en grand damier simplifié de blé, colza, maïs, orge, assurant ses variations saisonnières contrastées. En bonne logique agronomique, elles investissent les limons sains épais de la plaine composent parmi les terres les plus fertiles des Yvelines avec celles de la Beauce (plateau de Sonchamp) au sud.

De rares et précieuses structures végétales isolées

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Bosquets et arbres isolés, offrant de la profondeur au paysage de la plaine. Vue depuis Le Tremblay-sur-Mauldre.

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Des saules qui soulignent la présence discrète du ru du Breuil à travers les espaces cultivés. Vue vers Boissy-sans-Avoir.

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L’alignement remarquable de Jouars, vu depuis la déviation de la RN12 qui l’interrompt brièvement.

Le paysage agricole des grandes cultures simple et uniforme s’agrémente de quelques structures végétales, très précieuses pour enrichir les paysages (motifs) et les milieux naturels (refuges de biodiversité). Ainsi on peut remarquer :

  • les arbres, bosquets et bois isolés qui constituent des "remises forestières" abritant la faune, notamment autour du parc du château de Pontchartrain,
  • les alignement d’arbres remarquables qui accompagnent quelques segments de routes, notamment la route de Jouars et ses platanes (R.D 15), où la R.D 912 et ses peupliers à Pontchartrain. Ils marquent également les entrées de bourg sur la R.D 156 à la Queue-les-Yvelines et la R.D 76 à Méré.
  • les arbres isolés de bords de l’eau ou ripisylves, comme les saules du ru du Breuil.

- Préserver les structures végétales isolées dans la plaine agricole : arbres isolés, bosquets, ripisylves, alignements, ...
- Encourager leur développement dans les secteurs non gênants pour l’agriculture.
- Promouvoir la plantation d’alignements en entrées de bourgs caractéristiques de cette unité paysagère.

Buttes, plis et replis : des sites secrets et pittoresques aux marges de la plaine.

Les multiples ruisseaux, en érodant le rebord du plateau d’Yveline, ont constitué autant d’alvéoles, qui composent des ambiances plus intimistes, où se mêlent l’eau (parfois aménagée en étangs), les bois, les prairies et les pâtures, mais aussi l’habitat diffus attiré par le caractère pittoresque de ces micro-sites. On compte une petite douzaine de ces sites au fil des coteaux : le vallon d’Elancourt, le vallon de Maurepas, le vallon de la Mauldre, le vallon du Guyon, le vallon de la Guyonne (la Millière), le val de Montfort l’Amaury, les vallons du Lieutel, de la Couarde et de la Mormaire, le vallon du Lieutel et le vallon de Béhoust. Ils sont attractifs pour les promenades, propices aux petites routes et potentiellement aux circulations douces. Par ailleurs, les zones humides des fonds des vallons incisés dans les plateaux sont précieuses pour la biodiversité, la variété des paysages et la gestion de l’eau.

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Le découpage complexe des limites de la plaine taillées dans les plateaux par les ruisseaux : une complexité favorable à la richesse des paysages de lisières (schéma : agence Folléa-Gautier sur fonds IGN).

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Les marges de la ride de Thoiry, entre Autouillet et Auteuil : attractivité des lisières, propices aux promenades piétonnes et cyclables

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Une route paysage de qualité en piémont, s’ouvrant sur la plaine, entre Maurepas et le Tremblay-sur-Mauldre

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Pâture vers les Mesnuls, en lisière de bois. La présence des chevaux contribue largement à la gestion et au maintien des pâtures et prairies de fauche aux marges du massif de Rambouillet.

- Développer le réseau des circulations douces aux marges de la plaine et dans le "pays de Montfort".
- Préserver les zones humides des fonds de vallons.

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Une profondeur du paysage grâce aux caps forestiers qui se succèdent du fait du découpage irrégulier du rebord du plateau d’Yveline par les ruisseaux.

Entre ces vallons lovés en creux, s’avancent des « caps » boisés qui contribuent à la valeur des horizons de la plaine en s’offrant en vagues successives.

Au sud de la plaine, les buttes témoins de Bazoches et du Tremblay, isolées du plateau et boisées d’aspect, contribuent à créer des ambiances de proximité autour de Saint-Rémy-l’Honoré et des Mesnuls et renforcer leur caractère pittoresque. On retrouve une autre petite butte isolée dans l’espace agricole et partiellement boisée au large de la Queue-les-Yvelines, à Boissy-sans-Avoir.

Une position toujours stratégique au fil de l’histoire, léguant un riche patrimoine culturel

La plaine de Neauphle a été de tous temps un site stratégique.

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Source : INRAP-CNRS J.C. Golvin

Reconstitution imagée de Diodurum, la cité gallo-romaine enfouie sous les terres de Jouars (source : INRAP- CNRS J.C. Golvin).

Diodurum, la Cité des Dieux, a été une ville gallo-romaine très importante entre le Ier et le VIe siècle, sans doute équivalente un temps à Lutèce. A la croisée des axes Paris/Rouen et Dreux/Rouen en est-ouest et Beauvais-Chartes-Orléans en nord-sud, elle a été redécouverte à Jouars en 1976 grâce à la photographie aérienne. Elle a été fouillée sur une partie de ses 40 ha à l’occasion des travaux de la déviation de la RN12 dans les années 1990 ; elle fait l’objet d’un programme de recherche depuis 2003, sur le site de la ferme cistercienne d’Ythe.

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Les ruines de la Tour d’Anne de Bretagne, dominant Montfort l’Amaury.

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Maurepas et son donjon médiéval, dominant toujours la plaine de Neauphle, sans laisser deviner l’immense étendue urbanisée de Saint-Quentin-en-Yvelines, juste derrière. Une organisation paysagère remarquable et fragile.

Au Haut Moyen-Age, les invasions, notamment celles des Vikings par la vallée de la Seine, incitent les populations à s’abriter dans des sites défensifs, qui s’édifient sur les promontoires offerts par le rebord du plateau d’Yveline, dominant la plaine : le donjon de Maurepas en témoigne, comme les remparts et la tour d’Anne de Bretagne à Montfort l’Amaury. Ces « signaux » perceptibles de loin contribuent à la valeur du grand paysage de la plaine et quelques aménagements de leur abords pourraient bien dégager les vues lointaines. Montfort l’Amaury offre encore aujourd’hui cet avantage rare d’être à la fois urbaine, patrimoniale et inscrite dans un cadre de nature assez préservé. Ce charme particulier, rare en Île-de-France, est hérité de son caractère urbain médiéval qui témoigne de son importance passée pour la plaine de Neauphle, que la petite ville défensive commandait : en contrebas de la tour se déploient ses rues pavées courbes serties de restes de remparts, enrichies d’un patrimoine bâti conséquent témoignant de 1000 ans d’histoire : église Saint-Pierre et ses vitraux du XVIe siècle, cimetière et charnier de la même époque, château et parc de Groussay,

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Le château des Mesnuls, bien visible grâce à la route RD 191 qui passe devant de façon soignée.

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Le belvédère, maison de Ravel à Montfort-l’Amaury

Avec la Renaissance et le retour des rois de France en Ile-de-France, la plaine de Neauphle, à la fois proche de la forêt de Rambouillet et de Versailles, devient un territoire attractif pour la villégiature. Cet attrait ne se démentira pas jusqu’à aujourd’hui, se démocratisant et s’élargissant progressivement, à la faveur du train qui rapproche la plaine de Paris à partir du milieu du XIXe siècle, puis de la voiture cent ans plus tard. Un grand nombre de personnages célébres ont ainsi habité la plaine de Neauphle et Neauphle-le-Château, dont au XXe siècle : Colette à Méré, Marguerite Duras à Neauphle, Ravel à Montfort l’Amaury, Jean Monnet à Bazoches-sur-Guyonne, … Des châteaux, des maisons, des parcs et des jardins remarquables contribuent ainsi à la richesse patrimoniale de la plaine : château de Pontchartrain avec son parc et sa perspective marquant le grand paysage, dessinés par Le Nôtre en 1693 ; château et parc de Groussay à Montfort l’Amaury, château des Mesnuls et son allée de tilleuls, château et parc de la Mormaire à Groussay, châteaux encore à Villiers-le-Mahieu, Béhoust, Millemont, Garancières, Lieutel, Mareil-le-Guyon, le Tremblay-sur-Mauldre ; mais aussi Belvédère de Ravel à Montfort, Maison Jean Monnet et Maison Louis Carré à Bazoches-sur-Guyonne, cette dernière dessinée par l’architecte Alvar Aalto en 1959 ; etc.

Deux GR permettent de découvrir une partie des richesses de la plaine : GR1 par Montfort L’Amaury et GR 11 par Saint-Rémy-l’Honoré.

- Valoriser le site archéologique majeur de Diodurum.
- Dégager davantage les abords de la tour d’Anne de Bretagne et faciliter sa découverte depuis Montfort l’Amaury.
- Mettre en valeur le donjon de Maurepas et ses abords, beau point de vue sur la plaine.
- Organiser en réseau la valorisation du patrimoine culturel de la plaine.
- Créer une route culturelle de la plaine de Neauphle qui relie les richesses disséminées.
- Favoriser les modes de découverte cyclable et pédestre du patrimoine.

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Source : IGN

L’urbanisation de Saint-Rémy-l’Honoré en 1962 et aujourd’hui (2013) : descente de l’urbanisation récente dans les plis et remplis de la plaine. (Source : Géoportail, IGN)

Aujourd’hui, l’attrait résidentiel de la plaine de Neauphle ne s’est pas ralenti. Il a été renforcé par sa proximité avec la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, développée à partir des années 1970 de façon contiguë à la plaine et pourtant remarquablement invisible. Cette attractivité se traduit par des déplacements domicile-travail importants vers Saint-Quentin-en-Yvelines, Versailles et Paris, qui génèrent des difficultés de circulation sur les petites routes aux heures de pointe du matin et du soir.

- Protéger strictement les lisières et boisements en interface avec la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, de Coignières à Elancourt et à Neauphle.
- Favoriser l’intermodalité des trois gares de la plaine pour les déplacements quotidiens,
- Aménager des pistes cyclables confortables donnant accès à la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines.
- Encourager le covoiturage par des stationnements relais.

Conscients de la valeur du cadre de vie et de la pression qui s’y exerce, les élus et acteurs du secteur ont mis en place des dispositions de protection et de préservation (ZPPAU à Montfort-l’Amaury par exemple), jusqu’à intégrer le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse en 2011.

Des sites bâtis variés et précis, le plus souvent en lisière et piémont

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Les Mesnuls, village de lisière, à l’orée de la forêt de Rambouillet

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La Richarderie (commune de Jouars-Pontchartrain) : site bâti de lisière

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Neauphle-le-Château perché au-dessus de la plaine sur le rebord du plateau de Saint-Quentin-Yvelines

Trois types de sites bâtis se distinguent sur la plaine : villages de "piémonts" et lisières, villages de plaine et villages perchés. Le premier cas concerne les deux tiers des villages : ils ont volontiers occupé les marges de l’amphithéâtre en se postant très régulièrement en lisière et/ou en piémont, à deux ou trois kilomètres de distance les uns des autres. Ils occupent ainsi des positions confortables et sont liés à des milieux arborés (vignes et vergers autrefois, forêts, pâtures et cultures), épargnant les meilleures terres du cœur de la plaine, soigneusement réservées à l’agriculture. L’urbanisation diffuse tend à progresser sur les espaces agricoles et naturels, phénomène encouragé par la proximité des bourgs.

Les villages agricoles isolés en plaine sont accrochés à de légères élévations du relief (Jouars, Méré, Saulx-Marchais, Boissy-sans-Avoir) ou au bord de l’eau, sur l’axe central de la plaine que forment ensemble le Lieutel et le Breuil (Neauphle-le-Vieux, Vicq, Bardelle, Garancières). Enfin quelques bourgs dominent l’ensemble en étant perchés sur le rebord du plateau (Saint-Rémy-l’Honoré, Maurepas et Neauphle-le-Château) ou sur la pente (Montfort-l’Amaury).

- Préserver les coupures d’urbanisation, espaces de respiration et corridors biologiques entre les villages.
- Reconnaître et prendre en compte l’organisation précise du bâti dans le paysage pour opérer les choix d’extension.
- Conforter les centres des villages et bourgs.

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Source : IGN

Le Tremblay-sur-Mauldre en 1933 et aujourd’hui : les vergers qui assuraient en douceur les transitions entre bâti et espace agricole ont disparu. (Source : Extraits de photos aériennes IGN.)

Les formes urbaines restent souples en général (hormis Garancières qui s’organise précisément en trame orthogonale entre le ru du Breuil et la RD 42) : le bâti s’est adapté finement à la pente et s’imbriquait historiquement avec ses jardins potagers, vergers et vignes, dans un fondu enchaîné très progressif avec l’espace agricole. A Montfort-l’Amaury, plus urbain, ce sont les parcs, leurs murs et leurs frondaisons boisées qui assurent encore cette transition.

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Exemple d’extension urbaine très visible dans le paysage, en hauteur et sans transition avec l'espace agricole à Neauphle-le-Vieux

Dans des extensions contemporaines très récentes, plus denses, l’ interface végétale entre bâti et grandes cultures tend à être oubliée et contribue à « durcir » le paysage de la plaine (par exemple à Neauphle-le-Vieux).

- Retrouver des espaces de transition aménagés entre espaces agricoles et urbains, notamment à l’occasion des extensions urbaines.
- Encourager les formes de reconquête d’agriculture de proximité, maraîchage, jardins partagés, vignes et vergers aux marges des villages, en limite des espaces agricoles.

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Bâti à l’alignement et continuité du paysage de la rue offerte par les murs de pierre : l’exemple d’Auteuil.

Partout, la structure traditionnelle reste simple avec maisons implantées parallèlement ou perpendiculairement à l’alignement de la rue, et continuité des murs de pierre liant le tout dans une même harmonie. Cette structure n’est pas conservée dans les extensions des dernières décennies, qui ont privilégié les maisons individuelles isolées sur grandes parcelles. Retrouver une structure traditionnelle dans le choix de maîtrise du foncier et d’urbanisation peut contribuer à un développement urbain qui poursuit la tradition tout en la renouvelant.

Une urbanisation récente diffuse, discrète mais dont l’insertion paysagère reste relative.

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Une maison de meulière réhabilitée à Pontchartrain

L’attractivité résidentielle ancienne de la plaine de Neauphle s’est considérablement renforcée au cours des dernières décennies, avec d’une part la facilité de déplacement offerte par la voiture individuelle et d’autre part la création de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines toute proche.

Elle s’est traduite par une réhabilitation en général très soignée du centre des villages et du bâti traditionnel, marqué par la diversité de ses matériaux une déclinaison de calcaire et meulière qui témoigne des particularités géologiques du secteur. Elle a aussi conduit à une urbanisation diffuse de maisons individuelles isolées sur de grandes parcelles, qui gagne en particulier le piémont et les pentes des coteaux bordant la plaine, en une couronne de plus en plus continue.

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Extensions récentes à Saint-Rémy-l’Honoré

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Source : IGN

Les extensions diffuses récentes, en couronne presque continue autour des buttes de Bazoches et du Tremblay : état comparé en 1971 et 2013. Une diffusion qui pose problème aujourd’hui (photos aériennes : IGN).

Cette urbanisation des dernières décennies a la particularité de rester relativement discrète dans le paysage du fait des grands arbres à même de se développer dans les grands jardins. Cette discrétion a été renforcée par le fait que cette urbanisation a notamment conquis les friches arborées héritées des vignes et vergers abandonnés au cours du XXe siècle. C’est ce que montre l’analyse comparée des cartes du début du XXe siècle avec celles d’aujourd’hui. Mais aujourd’hui, cette forme d’urbanisation diffuse a les conséquences suivantes :

  • elle ne conforte pas les centres-bourgs malgré leur qualité urbaine, architecturale et paysagère ;
  • elle encourage la dépendance à la voiture individuelle et les difficultés de circulation nécessitant des transformations techniques banalisantes (élargissements, abattages d’arbres, équipements routiers de sécurité banalisants, …) ;
  • elle progresse au détriment des espaces de respiration que constituent les coupures d’urbanisation et les corridors biologiques des coteaux, qui relient les hauteurs à la plaine, les forêts aux espaces agricoles ;
  • elle "consomme" un espace rare et précieux, pour l’agriculture comme pour les milieux naturels et boisés ;
  • enfin elle masque les vues sur le paysage par les frondaisons arborées.

Des paysages de coteaux aujourd’hui excessivement refermés

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Source : IGN

Le coteau de Neauphle, Villiers-Saint-Frédéric et Pontchartrain, en 1906 (à gauche) et aujourd’hui (à droite). Les vignes et vergers ont disparu, remplacés par des friches boisées qui se font peu à peu conquérir par l’urbanisation. Friches et habitat contribuent de concert à refermer le paysage autrefois beaucoup plus ouvert des coteaux bordant la plaine de Neauphle. (Extraits de cartographies IGN).

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Source : IGN

Le secteur des Mesnuls-Saint-Rémy-l’Honoré en 1906 et aujourd’hui : par leur enfrichement, l’abandon des vignes et des vergers, a contribué à faire « descendre » la forêt en pied de coteau et dans la plaine, et à favoriser par la suite l’urbanisation diffuse : un double processus de fermeture du paysage. (Extraits de cartographies IGN).

La fermeture du paysage par les arbres empêche de profiter des vues lointaines. Elle concerne toutes les marges de la plaine de Neauphle. Les coteaux, qui portaient autrefois des vignes, des vergers, des cultures garantissant les ouvertures, ont connu un puissant phénomène d’abandon, conduisant à l’enfrichement puis au boisement spontané des parcelles. Les forêts qui recouvrent les buttes et les pentes sont formées de multiples propriétés privées de petites tailles et leur entretien est difficile. L’attractivité de ces pentes et piémonts pour l’habitat a par la suite donné lieu des constructions diffuses qui encouragent la fermeture des paysages, masqués par le bâti, les clôtures et les frondaisons des jardins privés.

- Encourager le regroupement parcellaire des forêts des pentes et coteaux.
- Encourager le développement raisonné des pâtures et prairies, sources de biodiversité et d’ouvertures paysagères.
- Reconquérir des points de vue et perspectives sur le grand paysage de la plaine.

 

Carte de l’unité


Bloc diagramme


Communes concernées


Auteuil Autouillet Bazoches-sur-Guyonne Béhoust Beynes Boissy-sans-Avoir Coignières Élancourt Les Essarts-le-Roi Flexanville Galluis Garancières Jouars-Pontchartrain Mareil-le-Guyon Maurepas Méré Les Mesnuls Millemont Montfort-l'Amaury Neauphle-le-Château Neauphle-le-Vieux Plaisir La Queue-les-Yvelines Saint-Germain-de-la-Grange Saint-Léger-en-Yvelines Saint-Rémy-l'Honoré Saulx-Marchais Thoiry Trappes Le Tremblay-sur-Mauldre Vicq Villiers-le-Mahieu Villiers-Saint-Frédéric