Un paysage simplifié

publié le 8 janvier 2015 (modifié le 2 février 2016)

Quantitativement, la surface agricole du département continue à baisser sous la pression de l’urbanisation, en ayant perdu 2 000 ha entre 2000 et 2010, qui s’ajoutent aux 3 500 ha entre 1988 et 2000.

Mais en termes de paysage, la question qualitative n’est pas moins importante. Avec la chute vertigineuse du nombre d’exploitations (plus de 2000 en 1988, moins de 1000 en 2010), les agriculteurs agrandissent leurs exploitations sans grossir leurs effectifs. Pour parvenir à gérer ces surfaces plus vastes, ils n’ont d’autre choix que de simplifier et rationnaliser :
renforcement de la mécanisation et des intrants, suppression des « obstacles » qui font le sel du paysage (arbres isolés, talus, bosquets, chemins, …), agrandissement des parcelles monospécifiques, spécialisation vers des formes d’agricultures plus simples et soutenues par l’Europe, abandon et enfrichement des parcelles plus difficiles (sols superficiels, enclavement dans l’urbanisation, pentes fortes des coteaux, …), … C’est ainsi que les céréales dominent le paysage renvoyant à des échelles quasi anecdotiques les champs maraîchers, les productions florales, les vergers, les pâtures et prairies. Ce sont pourtant ces types de cultures qui contribuent à la diversité des paysages Yvelinois, et qui occupent les secteurs les plus sensibles, pour des raisons paysagères et écologiques : parcelles intra ou péri – urbaines potentiellement très vues et très accessibles ; parcelles en coteaux très visibles et offrant les vues lointaines ; lisières forestières, versants et fonds de vallées ou vallons écologiquement riches.

Cette simplification - forme d’appauvrissement en termes de paysage qui perd ses motifs de diversité -, intervient alors même que le désir de campagne n’a jamais été aussi fort chez les urbains, en attente non plus d’un « cadre de villégiature », mais d’un « cadre de vie et de développement durable ».