D’un cadre de villégiature à un cadre de vie

publié le 8 janvier 2015 (modifié le 2 février 2016)

"Ces grandes cultures sont des endroits de paysage, de grandes étendues, des endroits importants qu'il faut faire exister. En les rendant accessibles. En permettant de les traverser. En créant des voies d'accès, des points de vente. Comment rendre compatibles une pratique de production et une pratique de paysage ? "

Michel VIOLLET

"La cohabitation entre le public et les exploitations agricoles n'est pas forcément innée. Elle s'apprend. Il faut l'apprendre dans les établissements scolaires, par une autodiscipline ; l'agriculture ne peut être préservée que s'il y a une appropriation par la population environnante. C'est donc une culture à développer. "

Alain SCHMITZ
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Autrefois terres de villégiature et de maisons secondaires, les Yvelines sont aujourd'hui majoritairement habitées en résidences principales ; les résidences secondaires sont désormais plus loin de Paris (source : Atlas rural et agricole IDF, IAURIF, 2004)

Le cadre rural offert par les Yvelines, proche de Paris et de Versailles, a depuis longtemps attiré les nobles et bourgeois. Les coteaux de la Seine et de ses affluents, les lisières forestières du massif de Rambouillet et de ses extensions, les petites vallées pittoresques, ont cristallisé l’édification de châteaux et maisons bourgeoises, livrant un formidable patrimoine de jardins et d’architecture, qui contribue à la valeur paysagère du département (voir « Les paysages bâtis : habitat, activités et déplacements »). L’attractivité des campagnes Yvelinoises s’est aussi traduite par la multiplication des résidences secondaires.

Au XXe siècle, le développement des moyens de transports a bouleversé la sociologie de la campagne Yvelinoise, favorisant l’établissement permanent d’une population rurbaine et non plus rurale : c’est-à-dire dépendante, pour son activité, de la proximité des zones d’emplois des villes, et soumise au déplacement domicile/travail. La colonisation des villages et bourgs par cette population a été rendue possible par l’avènement de la voiture individuelle, et a progressivement gagné l’ensemble du département, repoussant les résidences secondaires au-delà des Yvelines, en Normandie. Dans le paysage, cela se traduit par des villages pomponnés, des circulations douces, des éléments de patrimoine réhabilités, des sites de loisirs. Cela se traduit aussi partout par le grossissement des villages et des bourgs, soumis à la pression d’une urbanisation pour une population désireuse, selon les secteurs, de ce cadre de vie rural préservé ou de coûts de logements moins élevés qu’au cœur de l’agglomération parisienne.

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Une agriculture et une urbanisation qui restent juxtaposées, à transformer en campagne urbaine. Vue prise entre Gargenville et Issou.

Aujourd’hui, quel que soit le type de paysage agricole rencontré dans le département, la campagne est ainsi devenue périurbaine et urbaine : habitée essentiellement par des rurbains, et gérée par une poignée d’agriculteurs (0,1% de la population). L’agriculture a en charge un cadre de vie, et non plus seulement de travail. A sa fonction de production de biens, s’ajoutent une fonction productive d’espace : espace de loisirs, et espace de nature pour la biodiversité (trame verte et bleue), la prévention des risques (champs d’expansion des crues, champs captants), la régulation du climat, …

Mais la grande différence avec la forêt, également multifonctionnelle, c’est que l’espace agricole est presque intégralement privé. L’évolution du rôle sociétal des agriculteurs passe ainsi par des formes de productions et d’aménagements négociées dans un cadre contractuel.