7 - Un territoire d’innovations paysagères

publié le 31 mars 2014 (modifié le 23 mars 2017)

"De nos jours, il est très difficile d'être maire. C'est le maire qui maîtrise à travers son PLU le développement de la commune. Quand on dit que la ville doit se développer sur elle-même, se densifier, cela n'exclut pas de toute façon la consommation d'espace. Nous en sommes bien conscients, et les générations après nous continueront inéluctablement à consommer de l'espace ; donc il faut le faire le mieux possible, en ayant conscience que nous ne faisons que passer, alors que le paysage, lui, demeure. {À nous de le préserver au mieux, sans empêcher le développement, et c'est là qu'il faut faire preuve d'innovation et rechercher des méthodes nouvelles de préservation, de densification, de construction architecturale...}"

Alain SCHMITZ, Conseiller général des Yvelines.
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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

La plaine de Montesson : un exemple de défi en matière d’innovation paysagère pour les Yvelines pour maintenir un cœur vert agricole et naturel tout en organisant des franges urbaines et des transitions de qualité.

Le département des Yvelines est certainement l’un des tous premiers et des plus importants territoires d’innovations paysagères en France et en Europe, au fil de l’histoire et sur des thématiques variées.

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Le parc de Marly et son ouverture vers la vallée et la plaine de la Seine.

En matière de parcs et de jardins, le style classique s’y est épanoui à l’échelle inédite du grand territoire, par l’action grandiose de Louis XIV et de Le Nôtre à Versailles. Cette ambition de maîtrise du territoire dans un même rêve d’harmonie et de continuité a inspiré des réalisations majeures ailleurs dans le département, toujours sous l’œil de Le Nôtre : à Saint-Germain, à Dampierre, à Marly notamment. Mais ces compositions ambitieuses ont aussi inspiré toute l’Europe du XVIIe siècle.
A l’épanouissement grandiose du style classique et des compositions régulières, ont succédé les parcs, jardins et villes aux tracés irréguliers, là encore développés d’abord à Versailles (le hameau de Marie-Antoinette), mais aussi dans le domaine de Rambouillet, puis créé çà et là de façon remarquable comme le Désert de Retz, le parc Balbi, le domaine de Madame Elisabeth, etc.

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Le Vésinet, ville-parc inventée au XIXe siècle, après Maisons-Laffitte, à la faveur de l’invention du chemin de fer (photo : Yann Arthus-Bertrand/Conseil Général des Yvelines)

En matière de paysage urbain, Versailles fait référence, ville nouvelle en son temps mais aussi parc, château et grand paysage composés dans une même unité. L’urbanisme est "tenu" par les perspectives et les tracés régulateurs, le tout dans le cadre des coteaux boisés et des forêts qui cernent le site urbain.
Comme dans le domaine des jardins, les tracés urbains irréguliers succèdent aux tracés réguliers, et l’innovation vient là encore dans les Yvelines dès les années 1830, avec les « villes-parcs », forêts loties et construites à la faveur de l’arrivée du train : Maisons-Laffitte, puis le Vésinet.

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Exemple d’urbanisme végétal moins connu que le Vésinet ou Maisons-Laffitte et plus récent : la cité-jardin d’Henriville (Le Mesnil-Saint-Denis)

Au XXe siècle, à des échelles plus modestes, les cités-jardins d’Elizabethville à Aubergenville et Epône, ainsi que Henriville au Mesnil-Saint-Denis témoignent des innovations urbaines des années 1920-1930 ; le lotissement Zehrfuss, quant à lui, jouxtant les usines automobiles de Renault à Flins-Aubergenville, illustre de façon originale, dès les années 1950, l’urbanisme et l’architecture liés à la voiture individuelle. Dans un cadre plus urbain, la cité ouvrière des Dents de Scie à Trappes apparaît également innovante par sa forme et sa composition. Beaucoup plus vaste, le quartier des Grandes Terres à Marly-le-Roi, des années 1950-1960, est une concrétisation des théories de la Charte d’Athènes, aujourd’hui labellise Patrimoine du XXe siècle.

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Source : IGN

Une réserve naturelle nationale au cœur de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines :innovation en termes de morphologie urbaine, conçue sur un héritage du XVIIe siècle.

Plus récemment, la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines a innové en termes de nature urbaine, par sa composition architecturale et urbaine ordonnancée autour d’une "trame verte" généreuse, dans laquelle la pièce maîtresse est une réserve naturelle nationale (étang de Saint-Quentin-en-Yvelines).

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Le potager du Roi à Versailles, une forme historique innovante d’agriculture urbaine, aujourd’hui siège de l’Ecole nationale supérieure du paysage.

En matière de paysage agricole, le département se révèle être un véritable territoire de recherche, de formation et d’expérimentations depuis des siècles ; l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), le Domaine de Grignon (Ecole AgroParisTech), le Potager du Roi (aujourd’hui siège de l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Versailles), la Bergerie Nationale de Rambouillet, en sont les hauts-lieux historiques et participent, chacun à leur manière, à produire, gérer ou dessiner les paysages.

Quel enseignement tirer de cette valeur ? Comment valoriser le paysage sur cette base ?

Quelques démarches paysagères contemporaines, menées dans le département et innovantes à l’échelle nationale, montrent que les Yvelines entendent poursuivre la belle aventure des innovations paysagères.
En matière d’urbanisme, l’OIN Paris-Saclay à cheval sur Yvelines et Essonne, innove en retenant une équipe de concepteurs dirigée par un paysagiste (Michel Desvigne) pour organiser le territoire futur du plateau de Saclay et transformer le paysage à l’échelle large du territoire en associant espaces agricoles (2 316 ha préservés), villes (habitat, activités et équipements) et forêts.
Le Schéma Départemental d’Aménagement pour un Développement Équilibré des Yvelines porté par le Département incite à une organisation des trames paysagères qui structurent les territoires, au développement d’une gestion patrimoniale, au développement d’une offre de loisirs et à l’organisation de la fréquentation des espaces naturels. Cette conception d’ensemble de l’armature paysagère pour le maintien de la qualité des paysages, de l’activité agricole et de la biodiversité peut faire appel à des mesures de protection renforcées et des démarches de valorisation paysagère de grande échelle et très polyvalentes au service des projets de développement.
En matière d’agriculture, des démarches innovantes se développent dans la plaine de Versailles, dans la vallée de la Seine ou dans le Sud des Yvelines. Elles sont basées sur le soutien à l’agriculture locale et les circuits courts, la diversification et l’innovation ainsi que la protection des terres. Les évolutions agricoles et la réussite d’un équilibre entre agriculture et ville constitue un enjeu dans les paysages, intégrant non seulement les synergies économiques entre ville et agriculture (redécouverte de l’agriculture urbaine, fondée sur les circuits courts), mais également les formes urbaines et les usages d’aménités appelés à se développer entre l’une et l’autre pour garantir leur coexistence symbiotique.