Des espaces de nature intensément fréquentés

publié le 8 janvier 2015

"-Le massif de la forêt de Rambouillet attire autant de visiteurs que le parc de Versailles. Six millions de visiteurs par an vont dans le massif Rambolitain. Et ça, c'est le gros problème de l'ONF, il faut tout à la fois protéger la forêt et la rendre attractive, il faut aussi former les visiteurs."

Alain SCHMITZ

"Les forêts de Versailles et Fausses-Reposes sont extrêmement fragiles car traversées par de grandes infrastructures routières, et la coexistence entre les deux ne fait jamais bon ménage. Avec la présence d'une gendarmerie équestre, une forme d'accompagnement des visiteurs a été créée pour leur apprendre ce qu'est la forêt, et à quel point elle est fragile en contexte périurbain. Mais tel n'est pas le cas des grands massifs, comme Saint-Germain ou Marly ou Rambouillet. Nous aidons l'ONF à préserver la forêt, et dans certains cas, nous achetons des parcelles privées pour pouvoir les ouvrir au public. La forêt est un élément indissociable de l'image même des Yvelines. "

Alain SCHMITZ

"Il y a beaucoup d'attachement des populations dans les bois, les forêts. Ce sont des endroits où l'on focalise beaucoup l'enfance. Mais je défie quiconque d'habiter un bois. C'était une tendance dans les années 1970 que de construire en espaces boisés. Or la vie y est infernale. On ne peut pas vivre dans un espace boisé. C'est en lisière qu'on peut vivre, à condition de la maintenir."

Yves PÉRILLON
IMG/jpg/rambouillet-chasse-a-courre-1910.jpg
Source : ADY

Chasse à courre du Sud-Ouest, Rambouillet, 1910, Carte postale ancienne (Source : Archives départementales des Yvelines)

Les forêts des Yvelines, bien avant de devenir périurbaines voire urbaines à la faveur de l’urbanisation grandissante et de leur accessibilité offertes par le train puis la voiture, ont depuis la Renaissance fait l’objet d’aménagements en faveur des loisirs. La chasse a favorisé la protection de bon nombre d’entre elles, devenues royales. Elle a légué ces grandes perspectives rectilignes à travers bois, et ces carrefours en étoiles caractéristiques.

IMG/jpg/yv-8-413.jpg
© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Promenade en forêt de Rambouillet, vers Poigny-la-Forêt

Si la chasse à courre se pratique toujours (une trentaine de cerfs chassés à courre chaque année à Rambouillet), les allées accueillent aujourd’hui une population urbaine désireuse de nature, d’espaces de respiration et d’évasion. Les paysages forestiers sont particulièrement attractifs par leur étendue, leur statut (40 % de la surface sont publics), leur aspect plutôt naturel et leur diversité. Reliefs et vallonnements, points de vue, landes à bruyères, étangs, mares, rochers, varient les ambiances dans l’espace et s’ajoutent aux alternances des saisons, puissamment marquées par les arbres majoritairement caducs qui les constituent.

IMG/jpg/yv-8-076.jpg
© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Joggeur dans le parc de Rambouillet

IMG/jpg/yv-8-431.jpg
© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Promenade à cheval en forêt de Rambouillet, vers Saint-Léger-en-Yvelines

Aujourd’hui, les usages sont intenses : à la chasse s’ajoutent la promenade à pied ou à vélo, le pique-nique, la course à pied, le VTT, la randonnée à cheval, la cueillette des champignons et du muguet, le ramassage des châtaignes, l’observation de la nature, la pêche, l’écoute du brame etc. 11 millions de visiteurs sillonnent le massif de Rambouillet chaque année ! Sur des surfaces plus modestes, l’intensité de fréquentation n’est pas moins forte dans les forêts plus proches encore de Paris et des zones densément habitées : forêts de Saint-Germain-en-Laye, de Marly, de Meudon, de Fausses-Reposes, …

IMG/jpg/yv-2-056.jpg
© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Promenade sur les bords de Seine, à l’aval des Mureaux

Les bords de Seine et de rivières sont plus difficilement accessibles. On observe néanmoins par séquences ou par sites des aménagements favorables à leur fréquentation, et toujours attractifs : c’est vrai pour les bords de Seine, et vrai également pour la Vaucouleurs, par exemple. Mais les bords de l’eau, si essentiels, souffrent de discontinuités dans le parcours de leurs berges, qui ont empêché jusqu’à aujourd’hui la création d’itinéraires et de sites de promenade d’importance intercommunale ou départementale. Et même à l’échelle locale, les ruisseaux et petites rivières structurent assez rarement les promenades en villages, en bourgs ou en ville, mais aussi à travers champs, malgré leur évidente valeur paysagère.

IMG/jpg/yv-12-396.jpg
© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Promeneurs dans les champs vers Grignon

Quant aux espaces agricoles, attractifs par les espaces ouverts qu’ils offrent, tout ou presque reste à inventer pour organiser et maîtriser la fréquentation des urbains. Si de nombreuses fermes accueillent du public, les espaces cultivés eux-mêmes restent globalement peu attractifs pour les promenades … et bien fragiles. Les agriculteurs seuls n’ont pas de motivation particulière. Mais la demande sociale est là, qui suppose d’autres formes de métiers d’agriculteurs, et des partenariats. Des réflexions ou projets sont en cours sur la vallée de la Seine, la boucle de Chanteloup, la plaine de Montesson, la plaine de Versailles et du ru de Gally (allée royale de Villepreux), par exemple. Saura-t-on un jour en faire des « parcs agricoles », comme on a su faire des parcs naturels et des parcs urbains ?