L’organisation des paysages des Yvelines : six grands ensembles et 23 unités

publié le 1er décembre 2014

Dans le présent Atlas, l’identification des grands ensembles paysagers et des unités paysagères est adaptée à l’échelle du département. Un travail mené aux échelles intercommunales (territoire de SCOT, territoire d’EPCI, territoire de PLUi voire de PLU, territoire de Parc naturel régional, …) identifiera, et c’est bien normal, des unités plus précises, faisant un état des lieux plus fin de la diversité des paysages rencontrés, première richesse d’un territoire.

Six grands ensembles de paysages

Cinq grands ensembles sous influence interrégionale …

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Les Yvelines, au coeur du Bassin Parisien

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Les grands paysages interrégionaux et les Yvelines}

En termes de grand paysage géographique, les Yvelines s’inscrivent dans le vaste « Bassin de Paris » sédimentaire, hérité des mers tertiaires et secondaires, qui court des confins de la Bretagne à ceux des Vosges en est-ouest, et des confins du Massif Central et du Morvan à ceux de l’Ardenne et de la Flandre au Nord. Les paysages des Yvelines témoignent en bonne partie de cette appartenance à ce vaste territoire aplani, largement dévolu aux grandes cultures, et paresseusement drainé par la Seine et ses grands affluents :

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  • la Seine y dessine un large couloir au nord, dans lequel elle sinue par des boucles marquées qui succèdent à celles des Hauts-de-Seine et qui précèdent celles de Rouen en Seine-Maritime ; elle y a cristallisé une partie des paysages culturels emblématiques des Yvelines, par les peintres Impressionnistes qui ont fixé le paysage gai et mouvant du fleuve, de ses guinguettes et de son canotage, à la faveur du train qui le rendait accessible aux Parisiens ;
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  • les grandes étendues cultivées des régions voisines, typiques du Bassin parisien, se retrouvent aux marges du département : Beauce à l’extrême sud, qui vient buter sur le massif de Rambouillet, Vexin Français à l’extrême nord, qui tombe sur la vallée de la Seine ;
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  • par l’ouest les grands paysages interrégionaux pénètrent plus avant dans les Yvelines : les étendues céréalières du Drouais (Eure-et-Loir) et celles du plateau de Madrie, (département de l’Eure) se prolongent entre la Seine et le massif de Rambouillet, composant une série de plaines et plateaux intermédiaires, d’abord larges (plateau du Mantois , plaine de Houdan), puis qui s’avancent loin à l’intérieur du département, jusqu’aux portes de Saint-Quentin-en -Yvelines (plaine de Neauphle) et de Versailles (plaine de Versailles) ;
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  • à l’est, c’est le Hurepoix, largement développé dans l’Essonne jusqu’à la vallée de l’Orge, qui vient s’achever sur les lisières du massif de Rambouillet : partie de la plateforme structurale de la Beauce, il se présente comme un plateau agricole, mais aussi urbain sous l’influence de Paris, découpé en morceaux par les profondes incisions des vallées de la Bièvre, de l’Yvette et de leurs affluents.

… et un grand ensemble proprement identitaire : l’Yveline

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Beauce, Hurepoix, Vexin Français, plaines et plateaux intermédiaires, vallée de la Seine : ces cinq ensembles de grands paysages qui composent les Yvelines se prolongent ainsi hors du département, à l’échelle interrégionale. Au sein de ce système, un sixième grand ensemble se singularise : au contraire des cinq autres, il appartient en propre aux Yvelines, au point d’avoir joliment donné son nom au département : c’est le plateau de l’Yveline, littéralement la forêt riche en eau, couvert par le massif forestier de Rambouillet. Occupant l’extrémité nord de la plateforme géologique de la Beauce, son existence est liée à la fois à des raisons pédologiques (des sols sableux ou argileux moins riches que dans la Beauce nappée de loess plus au sud, donc moins favorables à l’agriculture) et surtout à des raisons historiques (ancienne forêt de chasse royale, protégée à ce titre au fil des siècles). Avec ses 25 000 hectares, c’est l’une des plus grandes forêts périurbaines de France ; c’est surtout l’une des plus fréquentées, avec 11 millions de visiteurs chaque année, qui sillonnent le massif au fil de ses sentiers et allées, à pied, à vélo, à VTT, à cheval. C’est donc un véritable monument écologique, historique, économique et social : le cœur identitaire des Yvelines. Ce caractère forestier profond trouve, on va le voir, des prolongements au-delà du massif pour composer le visage d’aspect boisé, si caractéristiques du département, malgré la diversité de ses paysages urbains, la force de ses signaux industriels et l’étendue de ses paysages agricoles.

Au total, on distingue au final six grands ensembles de paysages sur le territoire départemental :

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Les six grands ensembles de paysages des Yvelines, schématisation

Carte des grands ensembles de paysages des Yvelines (format pdf - 3.4 Mo - 03/07/2014)

  • I. L’Yveline au sud : plateau de Beauce boisé, couvert par le massif de Rambouillet, d’où sourdent les eaux affluentes de la Seine et de l’Eure, qui se prolonge légèrement en Essonne par les forêts domaniales de Dourdan et d’Angervilliers ;
  • II. La Beauce à l’extrême sud : c’est le plateau de Beauce cultivé, qui se découvre d’un coup au sud de Rambouillet autour d’Ablis, porte des vastes et purs horizons céréaliers qui courent à travers l’Eure jusqu’au Loiret (Orléans) et même jusqu’au Loir-et-Cher (Blois) au sud ;
  • III. Le Hurepoix : plateau de Beauce cultivé aux horizons boisés, découpé en morceaux par les vallées profondes de l’Yvette, de la Rémarde, de la Bièvre, de l’Orge et de leurs affluents ; l’ensemble constitue une large part du Parc naturel régional de la Haute vallée de Chevreuse, et se prolonge dans l’Essonne ;
  • IV. Les plaines et plateaux intermédiaires : ils se déroulent entre le plateau de l’Yveline et la vallée de la Seine, à des altitudes intermédiaires, et ouvrent vers l’ouest et les vastes plateaux plus simples de l’Eure et de l’Eure-et-Loir ; l’originalité de ces plaines et plateaux tient à leurs échelles, plus resserrées qu’ailleurs dans les régions avoisinantes, offrant un renouvellement des paysages plus rapide et à leurs horizons boisés ;
  • V. La vallée de la Seine : elle dessine un vaste couloir au nord du département, dans la direction armoricaine nord-ouest/sud-est, dans lequel elle sinue et taille de hauts coteaux ;
  • VI. Le Vexin Français : il borde le département au nord, sa partie Yvelinoise offrant le panel en réduction de ses caractéristiques : ouverture vers le ciel par ses plateaux cultivés, horizons boisés par ses hautes buttes étirées, vallées charmantes creusées par les affluents de la Seine.

Trois particularités qui enrichissent et complexifient les paysages des Yvelines

Les six grands ensembles évoqués ci-dessus permettent de saisir l’organisation paysagère du département. Mais ils ne suffisent pas à dessiner le portrait paysagiste des Yvelines : la Beauce comme le Vexin Français à chacune des extrémités sud et nord, ne pénètrent qu’à peine dans le département ; ils contribuent à la diversité paysagère du département, mais ne définissent pas sa personnalité propre ; la Seine ne trace son couloir qu’aux marges nord et propose des paysages de transition, distincts de ceux des séquences plus urbaines amont comme de ceux plus ruraux ou plus industriels à l’aval ; les plaines et plateaux intermédiaires qui s’avancent dans le département prennent des caractères paysagers particuliers, plus composites et complexes que dans les vastes étendues du Centre et de la Haute-Normandie. Comment et par quoi ces grands paysages Yvelinois se distinguent-ils de leurs voisins, et prennent-ils une coloration propre ?

Trois particularités complètent, enrichissent et complexifient le portrait du département : la présence de la forêt, l’amplitude des reliefs, et l’influence de l’urbanisation parisienne. Elles vont contribuer à la définition des unités paysagères, à une échelle plus fine que les grands ensembles.

L’amplitude des reliefs

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Carte schématisée des reliefs des Yvelines. La vaste plateforme structurale de la Beauce s’élève progressivement du sud au nord pour culminer à 170-180 m d’altitude, au point même où elle rencontre l’axe bas que forme la vallée de la Seine, à 25-15m d’altitude. Cette rencontre s’opère dans les Yvelines ; elle occasionne une belle amplitude de reliefs qui explique en partie l’attractivité des paysages du département, comparée aux départements du vaste Bassin Parisien.

Les reliefs des Yvelines sont plus marqués qu’ailleurs, grâce à la rencontre qui s’opère entre le haut plateau de Beauce-Hurepoix au sud du département (la plus haute plateforme structurale du centre du Bassin Parisien, à 170-180m d’altitude), et la basse vallée de la Seine au nord, à 25/15 m d’altitude. Cette amplitude a donné lieu à des paysages au caractère plus affirmé, avec une diversité de formes sur un espace relativement restreint, qui anime les paysages, et qui les fait échapper à la monotonie des vastes plaines et plateaux des régions et départements voisins (Beauce, Brie, Picardie, Haute-Normandie etc) : ici, des vallées profondes découpent le Hurepoix, partie nord-est du plateau de Beauce : vallées de la Bièvre, de l’Yvette, de la Rémarde et de leurs affluents ; les plaines, plateaux et vallées intermédiaires, qui se succèdent entre le haut plateau de Beauce et la basse vallée de la Seine, assurent des variations bienvenues, tenues par l’omniprésence des horizons boisés : plaine de Houdan, plateau du Mantois, plaine de Versailles, plateau des Alluets-Marly, vallée de la Mauldre, vallée de la Vaucouleurs, plateau des Alluets-Marly … ; au nord, on retrouve cette amplitude des reliefs dans le Vexin Français, dont les hautes buttes boisées, ultimes témoins septentrionaux de la plateforme Beauceronne, individualisées par l’érosion, dominent de toute leur hauteur la vallée de la Seine, et laissent s’épanouir des replats intermédiaires cultivés et des vallées intimes affluentes du fleuve. L’omniprésence des coteaux, qui se déroulent à travers tout le département pour faire la couture entre ces plateaux, plaines et vallées, contribue puissamment à l’attractivité paysagère du département, par la position confortable qu’ils offrent en appui sur les massifs boisés, et par les ouvertures visuelles qu’ils proposent sur le grand paysage : on mesure cette attractivité à la multitudes de demeures royales et bourgeoises de villégiature qui s’y sont implantés, et aux kilomètres de sentiers de randonnées suivant ces rebords, intensément parcourus par les promeneurs.

L’omniprésence des horizons forestiers comme caractère identitaire

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Carte schématisée du réseau des forêts et coteaux boisés des Yvelines. L’aspect boisé des Yvelines, caractéristique paysagère majeure du département, est liée aux coeurs verts que constituent les grandes forêts, auxquelles s’ajoute le long réseau des coteaux boisés, qui irrigue le territoire. L’ensemble imprime sa marque sur les paysages de nature, mais aussi sur les paysages agricoles (plateaux aux horizons forestiers), sur les paysages urbains (écrins boisés ou appuis boisés des villes, y compris des plus grandes villes comme Versailles, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Quentin-en-Yvelines) et sur les paysages des infrastructures (Autoroute A13 comme une perspective forestière en forêt de Marly par exemple).

La présence forte des forêts et horizons boisés contribue puissamment à la personnalité des paysages des Yvelines : outre le vaste massif de Rambouillet, d’autres massifs publics s’étendent, encore remarquables par leurs dimensions malgré leur situation plus urbaine et périurbaine : forêt de Saint-Germain-en-Laye, forêt de Marly, forêt de Fausses-Reposes, forêt de Versailles, forêt de Viroflay (Meudon), et, dans des situations moins urbaines : forêts de Bois d’Arcy, de Sainte-Apolline, de Rosny, de l’Hautil, de Brueil-en-Vexin, … Au total, ce sont 73 000 hectares de forêts, qui s’étendent, couvrant le tiers du département. Prolongée au fil des longs linéaires de coteaux, qui courent partout sur le département à la faveur des pentes des buttes, des versants des vallées, des rebords des plateaux, la présence forestière tient les paysages Yvelinois dans une unité paysagère forte, remarquable, composant partout ses horizons : elle distingue de ce fait clairement les paysages des Yvelines des autres départements de l’Ile-de-France et des régions voisines (souvent ouverts sans limites) en bornant les étendues aplanies et cultivées, mais aussi urbaines ; elle contribue à composer un cadre de vie attractif aux portes de la capitale, par les espaces de respiration qu’elle propose ; elle tempère la réalité urbaine et périurbaine du département, par sa capacité à « absorber » la présence de l’urbanisation, en la tenant dans des écrins de qualité (à Versailles, à Saint-Quentin-en-Yvelines par exemple), ou en la rendant discrète (sur certains coteaux de la Seine et des vallées affluentes notamment). Au total, la forêt constitue le « système vasculaire » des paysages des Yvelines, avec ses cœurs et ses poumons verts, reliés par ses artères, veines et vaisseaux au fil de ses coteaux qui irriguent le territoire : la forêt et ses coteaux composent la trame paysagère fondatrice du département.

L’influence de l’urbanisation parisienne

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Carte schématisée de l’urbanisation des Yvelines. L’urbanisation continue concerne le quart nord-est du département, et se prolonge vers l’ouest par deux bras : dans la vallée de la Seine et sur le plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines. Ailleurs la pression de l’urbanisation parisienne se lit à la densité des villes et villages dilatés par les extensions, conduisant à des espaces de respiration et coupures d’urbanisation par endroits ténus. Dans les paysages, cette présence de l’urbanisation est étonnamment tempérée par le réseau vert des forêts et coteaux boisés évoqué plus haut.

La proximité de Paris vient imprimer sa marque dans les paysages Yvelinois, par la pression urbaine qui s’y lit : c’est vrai dans le quart nord-est du département, au sein de la large vallée de la Seine et des boucles de Croissy, de Saint-Germain, de Poissy, où l’urbanisation est quasi continue, remontant jusqu’à Saint-Germain et Versailles. Les paysages urbains prennent un caractère très divers selon les époques, et ceci à l’échelle des quartiers, trop fine pour composer des unités paysagères dans le cadre de cet Atlas départemental : minéraux ou arborés, individuels, ou collectifs, anciens ou récents, aux tracés réguliers ou irréguliers, etc. Les plus célèbres de ces quartiers sont ceux du Versailles historique, aux riches et fortes perspectives baroques (XVIIe-XVIIIe siècles), ou, dans un tout autre esprit, le quartier-parc du Vésinet, soigneusement inscrit dans la forêt qui préexistait (XIXe siècle). Les paysages urbains se prolongent au-delà du quart nord-est dans deux directions :

  • à la faveur de la vallée de la Seine jusqu’à Mantes-la-Jolie, où l’urbanisation hétérogène de villages anciens, de pavillons et de grands ensemble est piquée d’implantations industrielles de grandes dimensions ;
  • sur le plateau de l’Yveline avec la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines et ses quartiers divers, tenus dans une large trame verte.
    Partout néanmoins, la présence des arbres sur les longs coteaux qui accompagnent ces paysages urbains tempère remarquablement la forte empreinte de l’urbanisation à travers le département.

23 unités de paysage et leurs limites

Carte des grands ensembles et des unités de paysages, et qualification de leurs limites

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A l’intérieur des six grands ensembles et à la faveur des grandes caractéristiques évoqués ci-dessus, des unités de paysage plus précises se distinguent, en fonction des particularités morphologiques et des occupations du sol. Les Yvelines en comptent 23, un nombre important au regard de la taille modeste du département, qui témoigne de sa diversité. La carte des grands ensembles et des unités de paysage, ci-dessus, qualifie la nature des limites entre les paysages : globalement, elles apparaissent remarquablement nettes dans le département, ce qui est plutôt un gage de qualité. Cela est dû à plusieurs phénomènes :

  • la nature des reliefs, où les plateaux, les plaines et les vallées sont séparés clairement par des coteaux étirés en linéaires, qui composent souvent ces limites ;
  • la présence de la forêt qui accompagne ces coteaux (notamment à la faveur des sols de sables dits « de Fontainebleau ») et qui renforce la lisibilité des limites ;
  • la relative maîtrise des paysages par des dispositions de protections qui réduisent les problèmes et les risques de débordement de l’urbanisation.
    On le verra dans la partie de l’Atlas consacrée aux enjeux, c’est surtout à l’intérieur même des unités de paysage que se posent des problèmes des limites, notamment entre l’urbanisation récente et les espaces agricoles (fronts bâtis agressifs), ainsi qu’entre l’urbanisation récente et les forêts (privatisation des lisières).
  • Pour l’Yveline, deux grandes unités se distinguent :

Carte du grand ensemble de l’Yveline

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1. La forêt de Rambouillet. Elle court de part et d’autre de la ville de Rambouillet flanquée de son Domaine historiquement royal puis présidentiel :

    • vers le nord-ouest jusqu’au massif privé de la forêt des Quatre Piliers, en passant par Saint-Léger-en-Yvelines et Poigny-la-Forêt ;
    • vers le sud-est jusqu’à l’autoroute A10, au-delà de Saint-Arnoult-en-Yvelines, de Rochefort-en-Yvelines et de Bonnelles , où la forêt prend des accents particuliers en couvrant les vallonnements de la Rémarde, de l’Orge et de leurs affluents.
      C’est le grand paysage emblématique des Yvelines, fréquenté par 11 millions de visiteurs chaque année ; il garde le souvenir de son statut royal de forêt de chasse, par ses allées rectilignes se croisant pour former des carrefours en étoiles ; ses parties les plus pittoresques, avec leurs chaos rocheux gréseux, ne sont pas aussi célèbres que ceux de Fontainebleau mais ont néanmoins conduit à la formation d’une école de peinture, l’école de Cernay. Ses limites sont celles du massif boisé continu, qui s’allonge ainsi sur 35 kilomètres, couvrant 25 000 hectares.

2. Les vallonnements de la Drouette et de la Maltorne. Ils se forment aux marges sud-ouest du massif, par le creusement de petites vallées qui vont alimenter l’Eure toute proche (Nogent-le-Roi, Maintenon) : la Drouette, la Maltorne, mais aussi la Guesle, la Guéville. La forêt lâche prise progressivement ; se forme ainsi un paysage de lisière, où alternent bois, cultures et pâtures, original car légèrement vallonné, composant un paysage rare dans le département. Courant sur une vingtaine de kilomètres, ses limites sont celles de la forêt de Rambouillet au nord-est, du plateau cultivé de la Beauce au sud, et des hauteurs dominant le bassin versant de la Vesgre au nord, à proximité d’Adainville.

II. Pour la Beauce, une seule unité se distingue dans les Yvelines :

Carte du grand ensemble de la Beauce

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3. Le plateau d’Ablis. Il offre déjà les caractéristiques fortes de la Beauce, tiré à l’horizontale, couvert de céréales, lumineux et ouvert sur le ciel. Mais la présence limitrophe de la forêt de Rambouillet et de la vallée de la Drouette lui dessine des horizons boisés qui concourent à sa singularité. Commandé par Ablis au centre, ouvert vers le sud, il est délimité par la forêt au nord et à l’est (Rambouillet, Sonchamp) et par la Drouette à l’ouest (Orphin, Orcemont).

III. Pour le Hurepoix, quatre unités se distinguent :

Carte du grand ensemble du Hurepoix

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4. Les vallées et plateaux de Chevreuse. Aux marges est du plateau de Beauce-Yveline, la vallée de l’Yvette et ses affluents constituent de brusques et profondes entailles, composant ce paysage caractéristique du Hurepoix, où les plateaux cultivés, aux marges du massif de Rambouillet, sont cernés par les horizons boisés, et découpés par ces profondes vallées dans lesquelles se nichent les villages, dont le principal est Chevreuse. Ce paysage diversifié est attractif, aux portes de l’urbanisation continue parisienne, préservé en Parc naturel régional de la Haute vallée de Chevreuse. Cette unité paysagère est délimitée par la forêt de Rambouillet à l’ouest (au-delà du Perray-en-Yvelines et des Essarts-le-Roi) et au sud (ruisseaux de la Celle et de l’Erable vers la Celle-les-Bordes, Bullion, Bonnelles). Elle est bordée au nord par l’urbanisation de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, rendue discrète par la précieuse forêt domaniale de Port-Royal, ainsi que par les vallées boisées de la Mérantaise et de la Bièvre, qui font l’interface. Les plateaux de Saclay (UP n° 4a) et de Limours (UP n° 4b) sont intégrés dans cette unité du fait de leurs faibles superficies dans les Yvelines. Mais, à l’échelle interdépartementale, leurs dimensions importantes en font de véritables unités spécifiques, même si leurs caractéristiques sont bien celles des plateaux du Hurepoix.

5. La vallée de la Bièvre. D’échelle interdépartementale, puisqu’elle achève sa course dans le Seine vers le Jardin des Plantes à Paris, la vallée de la Bièvre Yvelinoise offre les caractéristiques des autres vallées du Hurepoix : profonde, boisée, abritant l’urbanisation (Buc, Jouy-en-Josas). Sa singularité vient de son contexte, très urbain (à 15 kilomètres seulement de Paris), et des trois étangs qui se succèdent dans son cours amont, noyant le fond de vallée. Très fréquentée, elle est aussi très soumise à la pression de l’urbanisation, malgré son statut de site classé. Ses limites sont celles de la morphologie de la vallée, qui s’amorce sur le plateau dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines (Guyancourt) et s’encaisse rapidement dans ses coteaux boisés avant de poursuivre vers l’est (Bièvres, Essonne).

6. Le plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines. C’est une unité de paysage urbaine, avec la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines qui occupe l’extrémité nord du plateau de l’Yveline. Constituée en quartiers d’habitats et d’activités hétérogènes, sillonnée par de grandes infrastructures -dont la rude balafre de la RN 10-, elle dispose d’un remarquable écrin de forêts qui composent ses limites : forêt domaniale de Port-Royal et vallée de la Mérantaise au sud, forêt départementale de Sainte-Apolline et forêt domaniale de Maurepas à l’ouest, forêt domaniale de Bois-d’Arcy au nord, plateau de Saclay et vallée boisée de la Bièvre à l’est. Le plateau de Satory a été rattaché à cette unité, cerné par les Bois de Satory et la forêt domaniale de Versailles (vallée de la Bièvre).

7. Le plateau de Vélizy-Villacoublay. Cette petite unité urbaine des confins nord-est du Hurepoix appartient plus largement à une unité paysagère interdépartementale qui se prolonge dans l’Essonne (Bièvres, Verrières-le-Buisson) et dans les Hauts-de-Seine (Meudon, Clamart, Le Plessis-Robinson, Châtenay-Malabry). Elle est elle aussi délimitée par les bois qui coiffent les pentes : bois de Viroflay au nord, de Meudon au nord-est, forêt domaniale de Verrières au sud-est et bois de la Bièvre (forêt domaniale de Versailles au sud).

IV. Pour les plaines et plateaux intermédiaires, huit unités paysagères s’enchaînent :

Carte du grand ensemble des plaines et plateaux intermédiaires

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8. La plaine de Houdan. La plaine de Houdan fait partie de l’unité paysagère plus vaste du Drouais, qui s’étend en Eure-et-Loir. Si elle en a les caractéristiques par l’ampleur des étendues céréalières aplanies, elle prend son individualité par sa belle petite « capitale » qu’est Houdan, plantée au cœur de la plaine, et par ses horizons boisés du massif de Rambouillet, qui s’enrichissent en paysages intimistes et riches de lisières à la faveur de la Vesgre. Ses limites sont la forêt de Rambouillet à l’est, la Vesgre au sud (Adainville), et la ride de Richebourg au nord, discrète élévation qui prolonge en plaine, dans la direction armoricaine, celle de la forêt des Quatre-Piliers, séparant la plaine de Houdan du vaste plateau du Mantois plus au nord.

9. La plaine de Neauphle. La plaine de Neauphle s’épanouit dans la marge nord du plateau de l’Yveline, creusée à la faveur des multiples affluents qui viennent former la Mauldre. Agricole, elle offre néanmoins une échelle plus restreinte que celle du plateau du Mantois, grâce à la forte présence des horizons boisés qui la cadrent. Ses limites sud et est sont les coteaux qui forment le rebord du plateau de l’Yveline, masquant remarquablement l’étendue de la ville nouvelle de Saint-Quentin-Yvelines pourtant toute proche ; sa limite nord est définie par la ride de Thoiry, dont l’aspect boisé dominant est prolongé par la forêt de Beynes et par le coteau de Neauphle ; sa limite ouest avec la plateau du Mantois est plus floue, délimitée par la limite de bassin versant entre Mauldre (ru de Coquerie) et Vaucouleurs (rivière de Flexanville), sur laquelle passe l’aqueduc de l’Arve.

10. Versailles et son château. La ville de Versailles, prolongée par l’urbanisation de Viroflay et du Chesnay, se niche au fond de la plaine, sertie par les coteaux boisés de Marly et de Fausses-Reposes au nord, et par ceux de Satory et de Viroflay au sud. L’ensemble compose un site et un grand paysage urbain remarquables, tenu par un écrin vert bien perceptible depuis l’intérieur de la ville, dont la valeur est évidemment rehaussée par les tracés, perspectives et architectures hérités des XVIIe et XVIIIe siècles notamment. A l’ouest, c’est le vaste domaine du château de Versailles qui fait la transition entre la ville et la plaine agricole, vers laquelle il s’ouvre par la célèbre perspective du Grand Canal.

11. La plaine de Versailles. Prolongement naturel de la perspective du château de Versailles, et s’ouvrant dans la direction armoricaine vers l’ouest et le Mantois, la plaine agricole de Versailles représente une des continuités agricoles les plus proches du cœur de l’agglomération Parisienne, comme un coin enfoncé entre les urbanisations de la Seine au nord et du plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines au sud. Sa « pointe » est protégée en site classé. Elle est précisément cadrée sur trois de ses côtés : par le parc du château de Versailles à l’est, par le coteau du plateau des Alluets-Marly au nord et par celui de l’Yveline (Rambouillet) au sud.

12. La vallée de la Mauldre. La vallée de la Mauldre compose une unité paysagère en soi, incisée entre le plateau du Mantois à l’ouest et la plaine de Versailles à l’est. Au sud elle commence vers Neauphle-le-Vieux, point de convergence de ses affluents, et au nord elle s’achève à Epône, s’ouvrant sur la vallée de la Seine.

13. Le plateau des Alluets-Marly. Le plateau des Alluets-Marly est facilement individualisé, comme une île perchée au-dessus des plaines adjacentes. Morceau de la plateforme structurale de la Beauce isolé par l’érosion, il s’allonge dans la direction armoricaine sur 23 km dans le département, pour 4km au maximum de largeur. Ce faisant, il sépare la plaine de Versailles de la vallée de la Seine et propose deux visages : l’un forestier avec la forêt de Marly, l’autre agricole avec la clairière des Alluets-le-Roi.

14. La vallée de la Vaucouleurs. Comme la Mauldre, la Vaucouleurs compose une vallée orientée sud nord, sur une quinzaine de kilomètres. Elle s’enfonce dans le plateau agricole du Mantois, pour s’achever à Mantes-la-Ville où elle rejoint la vallée de la Seine.

15. Le plateau du Mantois. Cette vaste unité paysagère s’étend entre les hauteurs du plateau de l’Yveline au sud et le couloir de la Seine au nord. Agricole céréalier, aplani et large, le paysage commence à évoquer les vastes étendues de l’Eure-et-Loir (Drouais) et de l’Eure (plateau de Madrie) avec lesquelles il se fond vers l’ouest. Mais il animé par l’inflexion de la vallée de la Vaucouleurs, et par les émergences des rides de Thoiry, du Tertre Saint-Denis et de Richebourg. A l’est, il s’achève sur la vallée de la Mauldre, au-delà de laquelle s’étend la plaine de Versailles, plus étroite du fait de l’émergence du plateau des Alluets-Marly.

V. Pour la vallée de la Seine, sept unités de paysage se succèdent :

Carte du grand ensemble de la vallée de la Seine

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16. La boucle de Montesson. Dans la prolongation des Hauts-de-Seine, la vallée de la Seine est urbaine, le bâti d’habitat et d’activités couvrant les étendues de la boucle de Montesson. Au sein de cette étendue, se distingue en particulier le paysage urbain forestier du Vésinet, quartier-parc hérité du XIXe siècle développé en forêt alluviale. Le cœur de la plaine est encore spectaculairement ouvert sur la silhouette du quartier de la Défense, grâce à la plaine agricole de Montesson, ultime témoin des terres maraîchères du tour de Paris. La limite sud et ouest de cette unité de paysage est clairement composée par le long coteau courbe, qui court de Bougival jusqu’à Maisons-Laffitte, en passant par Saint-Germain-en-Laye. Il parvient à conserver un aspect boisé, fait remarquable dans le contexte densément urbanisé dans lequel il s’inscrit. Les limites est et nord se fondent dans le continuum urbain de l’agglomération de Paris, dans les départements des Hauts-de-Seine et du Val d’Oise.

17. Les vallons et coteaux de Bougival à Saint-Germain. Ils sont composés par les pentes du plateau des Alluets-Marly qui descendent vers la vallée de la Seine. L’animation de ces pentes, rendues irrégulières par les petits affluents, les vues qui s’ouvrent vers la plaine de la Seine et Paris, l’adossement à la forêt de Marly au sud et à l’ouest et à celle de Saint-Germain au nord, la présence du parc de Marly, la proximité de Paris, ont fait de ces pentes des quartiers urbanisés et attractifs, occupés majoritairement par des villas isolées dans leurs jardins, qui noient les petits centres anciens dans le continuum bâti. Saint-Germain en est la « capitale » vivante, deuxième ville du département.

18. La forêt de Saint-Germain et ses lisières. Préservée au fil des siècles par son statut royal, la forêt de Saint-Germain est une ancienne forêt de chasse qui occupe presque toute la boucle de la Seine. Elle est aujourd’hui urbaine, intensément fréquentée, bordée au sud par la ville de Saint-Germain-en-Laye et son château, à l’ouest par l’urbanisation de Poissy et d’Achères, au nord par la plaine d’Achères, à l’est enfin par la Seine, intégrant Maisons-Laffitte développée en son sein au XIXe siècle, préfigurant le paysage urbain forestier du Vésinet.

19. La boucle de Poissy. Plus éloignée de Paris, épargnée par les grosses infrastructures routières, la boucle de Poissy est encore majoritairement urbaine par son occupation du sol, où domine l’habitat résidentiel au calme, piqué de collectifs à Chanteloup, Poissy et Conflans ; mais ses paysages prennent un caractère arboré marqué grâce à ses limites : les puissants horizons qu’offre la butte de l’Hautil au nord, qui tient tout ce paysage, mais aussi l’appui forestier de la forêt de Saint-Germain à l’est, la butte de Marsinval et la forêt des Mureaux/Verneuil-sur-Seine vers l’ouest. L’urbanisation a desserré son étreinte à la faveur des anciens usages « industriels » des terres (épandage, carrières), donnant lieu à des reconversions réalisées (base de loisirs du Val de Seine), en cours (plaine de Chanteloup) ou en projets (plaine d’Achères et projet Port Seine Métropole).

20. Le val et les coteaux d’Orgeval. En retrait de la vallée de la Seine, le val d’Orgeval et ses coteaux constituent une unité de paysage originale dans le contexte Yvelinois. Ils se développent à la faveur du ru d’Orgeval, qui a creusé son sillon peu profond entre le plateau des Alluets-Marly au sud et la butte de Marsinval au nord. Sur ces coteaux se sont historiquement développés des vergers, aujourd’hui raréfiés. Le passage de l’autoroute A13 et de la RD113 contribue à fragiliser ce paysage, par l’accessibilité offerte, qui accroît la pression d’urbanisation, et l’effet de vitrine d’activités, qui s’allongent au fil des deux infrastructures. Les limites sont les coteaux boisés du plateau des Alluets qui dominent le paysage au sud, la butte de Marsinval et l’A 13 au nord, l’étroite plaine de la Jonction entre Saint-Germain-en-Laye et Chambiourcy à l’est, le coteau de la Seine vers l’ouest, sur lequel s’appuient Aubergenville, Flins, Bouafle et Chapet.

21. Le grand couloir de Seine, de Meulan/les Mureaux à Mantes-la-Jolie. Il compose l’unité de paysage la plus éclectique de la vallée de la Seine Yvelinoise, à la fois :

- urbain avec Meulan-les Mureaux en limite amont, et Limay, Mantes-la-Jolie, Mantes-la Ville à l’aval ;

- industriel avec les grandes implantations de Flins, de Porcheville, de Limay et Gargenvile ;

- agricole par les espaces de respiration qui se dégagent dans la plaine et sur les terrasses alluviales ;

- « rurbain » d’image rurale et résidentielle par les anciens villages qui occupent les coteaux de la Seine de part et d’autre.

Ses limites sont les coteaux de la Seine, plus puissants au nord (Vexin) qu’au sud (Mantois), et les villes des Mureaux/Meulan à l’est et de Mantes-la-Jolie à l’ouest.

22. Les boucles de Guernes, Moisson et Bennecourt. Radicalement différentes des séquences paysagères précédentes, les boucles de Guernes, de Moisson et de Bennecourt offrent l’unité de paysage agricole et naturelle de la vallée de la Seine Yvelinoise. Elle est marquée par le haut coteau blanc et crayeux de la Roche-Guyon côté Vexin du Val d’Oise, la Seine ayant atteint les couches basses du Crétacé, annonciatrices de la Haute-Normandie et des grandes falaises littorales d’Etretat. Ses limites sont Mantes-la-Jolie à l’amont, la vallée de l’Epte à l’ouest, et les hauts coteaux de la vallée de la Seine au nord et au sud.

VI. Enfin pour le Vexin Français, une seule unité se distingue dans le département :

Carte du grand ensemble du Vexin

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23. Le Vexin des Yvelines. Partie du Vexin des buttes d’Arthies qui s’étend plus largement au nord dans le Val d’Oise, il constitue une partie du Parc naturel régional du Vexin et en offre toutes les caractéristiques paysagères : hautes buttes boisées et allongées, piémonts étendus en plateaux agricoles, vallées creusées intimes aux paysages plus diversifiés (Bernon, Monctient, vallée aux Cailloux). Sa limite sud est formée par le rebord haut du coteau de la Seine, tandis que sa limite nord dépasse la frontière administrative du département vers le Val d’Oise. A l’est le Vexin coiffe la butte de l’Hautil, tutoyant la vallée de l’Oise (Maurecourt), tandis qu’à l’ouest il s’arrête sur les hauteurs boisées qui dominent la boucle de Guernes (bois du Chesnay).

Du continent à l’archipel : repenser les Yvelines dans le territoire interrégional

Une représentation traditionnelle des Yvelines en marge ouest de la région Ile-de-France. (format pdf - 12.7 Mo - 03/07/2014) Les régions Centre et Haute-Normandie voisines ne sont pas représentées, les Yvelines sont perçues et conçues comme des confins Ouest. (cartographie IAU).

Les paysages, on le sait, s’affranchissent des limites administratives : les départements en général ont été tracés à la Révolution, pour casser les provinces de l’Ancien Régime, sur des dimensions étalonnées à une journée de cheval en tous sens ; Dans le cas des Yvelines, le département est né beaucoup plus tardivement, à la faveur du redécoupage de la Seine-et-Oise centrée jusqu’alors sur Paris. Avec son appartenance à la région Ile-de-France, les Yvelines sont, depuis cet acte de naissance, presque toujours cartographiées et vues comme une marge, un rebord de la région ; la représentation traditionnelle laisse ainsi en blanc les territoires situés plus à l’ouest et au sud, qui appartiennent aux régions voisines de la Haute-Normandie (Eure) et du Centre (Eure-et-Loir).

Cette représentation dissymétrique accentue la position périphérique du département, la capitale apparaissant comme le point de tropisme unique à partir duquel il doit se positionner. L’importance de Paris est évidemment considérable, avec les principales infrastructures de déplacements qui y convergent, le poids économique qui s’y concentre, et la pression urbaine qui s’en dégage. L’ensemble dessine un système rayonnant qui irradie littéralement les Yvelines, conditionne fortement la vie des Yvelinois et modèle l’organisation et le développement du territoire départemental. Mais ce poids de Paris n’a pas toujours été aussi prégnant au cours de l’histoire. Au Moyen-Age, le territoire départemental, avec Mantes, Meulan et Poissy, s’inscrivait dans un réseau de villes qui comptait certes Paris mais aussi Beauvais, Evreux et Chartres.

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Les villes autour des Yvelines : il n’y a pas que Paris !

Aujourd’hui encore, il n’est pas inutile de rappeler que Houdan, dans les Yvelines, est deux fois plus près de Dreux que de Versailles, et que Paris est trois fois plus loin ; que Mantes est à équidistance de Paris, de Rouen et de Chartres ; et beaucoup plus près d’Evreux que de Paris ; de même que Rambouillet est plus près de Chartres que de Paris.

(format pdf - 331.4 ko - 03/07/2014) Une des rares cartes de la réflexion du Grand Paris, qui permet d’inscrire les Yvelines dans une vision moins périphérique, à la faveur de l’axe Seine (source : Atelier International du Grand Paris)

A l’heure du Grand Paris, et malgré ce terme encore très centralisateur, il est intéressant de constater que certaines réflexions menées, élargissant les horizons, ont contribué à déplacer le regard : elles ont par exemple popularisé et imprimé dans les rétines le grand territoire qui s’étend de Paris à la mer au fil de la Seine, auquel s’accrochent les Yvelines, remettant le département dans une position moins marginale.

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© 2014 Agence B. Folléa - C. Gautier paysagistes urbanistes / DRIEE-IF / Conseil Général des Yvelines

Les îles-villes des Yvelines. Proposition de représentation des Yvelines dans le territoire-archipel. On voit bien comment le territoire départemental est largement autant marqué et organisé par l’archipel des îles-villes entre Rouen, Beauvais et Chartres, que par le continent-continuum de Paris.

Le polycentrisme à l’échelle interrégionale, qui propose une lecture du territoire en archipel et non plus en bloc continental monolithique, doit désormais pouvoir alimenter plus fortement les réflexions de développement du département, et notamment de son réseau de villes. Cette représentation et cette pensée de l’aménagement sont étroitement liées à la question du paysage : avec un territoire archipel [1], la « mer » des espaces non bâtis prend autant d’importance que les « îles » des villes. Elle n’est pas un vide périphérique, lointain et abstrait, mais un plein au cœur du réseau des villes. Elle relie et sépare à la fois ce réseau, compose pour chaque île bâtie de l’archipel son espace de vie qui contribue à son identité. Le concept de « ceinture verte » revient à l’échelle à laquelle il est adapté : il ne se dessine plus à l’échelle abstraite de la planification régionale, qui ceinture Paris en couronnes successives et maintient le modèle « continental » au détriment du modèle archipélique ; mais il se conçoit à l’échelle sensible et concrète du paysage local, qui dessine pour chaque île son rivage.

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[1Lire « le territoire archipel, figure du paysage durable », texte de juin 2013 (Bertrand Folléa) http://caue.dromenet.org/telechargement/conference_bertrand_follea.pdf