Les zones humides

« Zone humide » est un terme générique désignant des milieux inondés ou gorgés d’eau. L’eau n’y est pas forcément libre ou visible, néanmoins, les espèces végétales qui s’y développent, sont suffisamment caractéristiques pour permettent d’identifier le caractère humide des sites.

Parmi les plus emblématiques des Yvelines, figurent les zones humides oligotrophes*. Celles-ci sont en effet pratiquement toutes réparties sur la vaste emprise des sables de Fontainebleau, essentiellement dans le massif de Rambouillet et sur les buttes des Alluets, de Villennes et du Vexin. Par suite, la grande majorité d’entre elles sont contiguës aux boisements humides dont il été a été question précédemment en particulier des tourbières boisées.

La flore des tourbières : en savoir plus
Le cortège floristique des zones tourbeuses est rare et précieux du point de vue patrimonial tant ces habitats ont subi une forte régression alors qu’ils hébergent une importante biodiversité d’espèces très spécialisées. Ainsi, le massif de Rambouillet compte un grand nombre d’espèces rares et protégées telles que le piment royal (Myrica gale), dégageant une forte odeur de myrrhe, la linaigrette à feuille étroite (Eriophorum polystachion), graminée aux fructifications plumeuses immaculées, la drosera à feuille ronde (Drosera rotondifolia), plante aux mœurs carnivores. Ces complexes tourbeux, donnent lieu à toute une mosaïque de formations végétales très riches : boisements, landes, marais et prairies paratourbeuses à jonc aigu.

<quote|legende=On a des motifs intéressants dans les petits milieux humides comme la mare, qu'on retrouve dans de nombreux lieux. Ce sont souvent des mares qui servaient à nettoyer les tombereaux, travaillées de meulières, et elles peuvent être actualisées pour en faire un outil contemporain de construction. Il ne s'agit pas de faire de la renaturation pour la renaturation. Mais se servir de ces motifs de renaturation, pris dans des motifs traditionnels pour en faire des outils de modernité qui répondent à tout un tas de choses... On est bien lorsqu’on est à côté de l'eau. |auteur=Alain FREYTET >

Concernant les milieux en eau, on compte les mares intraforestières oligotrophes hébergeant parfois l’utriculaire (Utricularia vulgaris), curieuse espèce flottante dont le pédoncule dressé porte une petite fleur jaune.

La flore des mares et des étangs : en savoir plus
Les nombreux étangs criblant le massif de Rambouillet recèlent des milieux oligotrophes très intéressants (étang de Poigny, étang de Hollande et de Saint Hubert …). Parmi eux, les grèves s’exondant l’été permettent le développement d’un cortège floristique particulier. Les « gazons amphibies » sur substrat minéraux comprennent de nombreuses espèces remarquables comme la pilulaire (Pilularia globulifera) et la littorelle à une fleur (Litorella uniflora).

L’étang de Saint-Quentin, situé sur le plateau de Trappes, présente un cas remarquable de milieu naturel s’étant développé à partir d’une création artificielle aménagée au XVIIe siècle pour alimenter en eau le château de Versailles.

La flore de l’étang de Saint-Quentin-en-Yvelines : en savoir plus
L’étang de Saint-Quentin bénéficie d’une situation limite puisqu’il se situe sur les sables de Lozère et les argiles à Meulières, faciès le plus élevé du département, reposant en faible épaisseur sur les sables de Fontainebleau. On y observe également la flore remarquable de tonsures amphibies avec des annuelles très rares comme l’elatine fausse alsine (Elatine alsinastrum) ou la laîche de Bohème ( Carex bohemica). Des conditions un peu plus eutrophes permettent aussi l’expression d’autres annuelles rares des grèves alluviales comme le bident radié (Bidens radiata).

Une autre situation limite s’observe à contrario à la base des sables de Fontainebleau. En bas de pente, affleurent les marnes et les argiles vertes induisant des zones humides mais dans des conditions plus calcaires. Il s’agit d’habitats de « bas-marais alcalins » à jonc noueux (Juncus subnodulosus).

Le paysage végétal des bas marais alcalins : en savoir plus.
Le cortège floristique des bas marais alaclins est souvent remarquable notamment avec des orchidées turficoles* comme l’epipactis des marais (Epipactis palustris) et l’orchis incarnat (Dactylorhyza incarnata). Ces habitats très localisés et souvent situés proches de zones habitées, ont subi une très forte régression. Ils restent bien représentés dans la vallée de Chevreuse. Ici encore, un exemple au cortège particulièrement bien conservé subsiste dans un bassin abandonné du Parc de Marly, création paysagère du XVIIe siècle.

Les habitats qui viennent d’être évoqués font partie d’une nature relativement exceptionnelle Ces milieux, pour la plupart peu transformés, sont liés à une masse d’eau ayant en grande partie conservé sa qualité.

Le réseau de zones humides compte aussi un ensemble d’habitats affiliés à des conditions plus eutrophes*. Il peut aussi avoir été modifié par des transformations opérées sur le réseau hydrographique. Sur le territoire, ces situations sont beaucoup plus courantes. Toutefois, dans bien des cas, ces habitats souvent productifs, conservent des fonctionnalités écologiques importantes, notamment pour la faune.

Le paysage végétal des zones humides eutrophes : en savoir plus
Depuis la tête de bassin, les ruisselets conservent parfois une certaine naturalité. Ces milieux jouxtent les aulnaies de pentes. Les cortèges végétaux de source peuvent être bien préservés comme en vallée de Chevreuse où l’on rencontre les deux doradilles (Chrysosplenium oppositifolium, Chrysosplenium alterniflorum). Plus en aval, avec l’élargissement des fonds de vallée apparaissent des « mégaphorbiaes » constituant les ourlets à hautes herbes des zones humides. Celles-ci offrent de nombreuses variantes comme les formations à grande prêles (Equisetum telmateia) présentes dans le contexte calcaire du Mantois. Les cours moyen et finaux des rivières d’Ile-de-France ont été transformés ou dégradés à un point tel qu’il reste peu de milieux témoins. Les herbiers par exemple en sont pratiquement absents ou réduits à un cortège très limité sur les rivières les moins dégradées.

Avec sa majesté fluviale, la vallée de la Seine compose un corridor biogéographique important. Les transformations effectuées à partir du milieu du XIXe ont été puissantes. La canalisation a consisté à étager le cours du fleuve en biefs, ce qui a eu pour conséquence un ennoiement privant les cortèges de zones humides de leur extension lors des basses eaux estivales. Aussi, la mise en place de barrages devient problématique pour les poissons migrateurs notamment pour le saumon atlantique. Les aménagements de berges sur les parties les plus urbanisées, une régularisation des crues et une navigation de plus en plus puissante ont souvent eu raison de la richesse des habitats fluviaux.

Vers la fin du siècle précédent, une amélioration de la qualité de l’eau favorise la vie aquatique avec le retour des herbiers et de la faune piscicole. La Seine, qui reste un hydrosystème très dynamique, recèle encore quelques milieux originaux y compris dans ses secteurs les plus urbains comme au Pecq et à Port-Marly.

Le paysage végétal de la Seine : en savoir plus
L’un des milieux les plus emblématiques concerne les grèves alluviales, lorsqu’elles existent encore. Celle-ci sont propices au développement d’annuelles tardives comme le chénopode rouge (Chénopodium rubrum) ou le bident trifolié (Bidens tripartita), parfois avec des espèces exotiques dites archéophytes comme le chénopode ambroisie (Chenopodium ambrosiodes) ou même cultivées comme la tomate et la coriandre. Lorsque le pied de berge n’est pas trop exposé aux vagues de la navigation, s’y développe une petite roselière pionnière, où se mélangent parfois aux carex quelques espèces devenues rares comme le butome en ombelle (Butomus umbellatus) ou le scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus). Plus en retrait, s’étend le cortège linéaire des saulaies où dominent les frondaisons argentées du saule blanc. Partiellement, en sous-bois se développe la mégaphorbiaie à eupatoire souvent transformée en friche humide. Celle-ci héberge la grande cuscute (Cuscuta europaea), curieuse plante parasitant l’ortie.

La vallée de la Seine forme dans son ensemble un couloir biogéographique stratégique pour les espèces aquatiques et migratrices. Au-delà du cours principal, les « annexes fluviales » représentent un important réservoir de biodiversité. Aux noues et bras morts découlant de la topographie originelle s’ajoutent les nombreux plans d’eau résultant de l’exploitation des sables. Certains ont pu devenir des espaces naturels à part entière, hébergeant des espèces sensibles, comme par exemple le « bout du monde » sur la commune d’Epône où subsiste des populations de potentilles couchées (Potentilla supina), une annuelle rare des grèves exondées.

On notera que la majorité des grandes étendues d’eau du territoire résultent de créations humaines. Ainsi, les grandes roselières comme en héberge l’étang de Saclay sont assez rares sur le territoire et restent affiliées à des sites artificiels. De nombreux autres aménagements hydrauliques tels que des étangs et des bassins de rétentions, disséminés sur le territoire, peuvent accueillir des petites zones humides fonctionnelles à conditions d’offrir des zones de faibles profondeurs et de ne pas être défavorisées par une maintenance excluant la présence des milieux spontanés.

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