Les grands types forestiers et leurs habitats

Parallèlement à leur histoire et leur gestion sylvicole, les principaux types forestiers ou « habitats » découlent des conditions propres au Biotope* et de leur situation géographique qui influence le climat local.

Dans le domaine forestier, les sols pauvres et sableux (dit oligotrophes*) sont des plus répandus. On y rencontre fréquemment de grandes futaies de hêtraies-chênaies à houx. De bonnes conditions hygrométriques sont particulièrement favorables à cet habitat si bien qu’il se rencontre surtout au nord et à l’ouest du territoire. On l’observe depuis le Vexin jusqu’en forêt de Marly, sur le plateau des Alluets et dans la vallée de Chevreuse. Il devient beaucoup plus rare dans la forêt Rambouillet. Ici, les conditions climatiques plus sèches favorisent les futaies dominées par le chêne sessile ou « chêne rouvre », mieux adapté aux sols drainants. Des types de chênaies sessiliflores sont aussi présents sur les alluvions des basses terrasses de la vallée de la Seine notamment sur la boucle de Moisson. En approchant les 200 mètres d’altitude, sur les sommets des buttes du Vexin, prospère un habitat original et très localisé, la chênaie à myrtille.

Une flore nettement acidophile* est un trait commun à cet ensemble d’habitats.

La flore acidophile : en savoir plus
Le muguet (Convallaria majalis) et la fougère grand aigle (Pteridium aquilinum), deux espèces connues des promeneurs, s’observent communément. D’autres espèces devenues très rares comme le maianthème à deux feuilles (Maianthemeum bifolium), ne comptent plus que quelques stations dans les Yvelines. La fougère grand aigle peut devenir très envahissante suite aux éclaircies. Les châtaigneraies généralement traitées en taillis et les boisements de pins résultent quant à elles de transformations sylvicoles.

Suite à un épisode de recul de la forêt, le sol s’expose au lessivage de la pluie. Cet appauvrissement favorise la progression de la lande, formation végétale typique du climat atlantique. La formation de la lande se limite à la forêt de Rambouillet et quelques petites surfaces sur les buttes tertiaires, en particulier dans le Vexin.

La biodiversité de la lande : en savoir plus
La lande à éricacée (famille de la bruyère) atteint sa limite de répartition en Ile-de-France. La lande « sèche » est caractérisée par la callune (Calluna vulgaris) et la bruyère cendrée (Erica cinera), la lande humide par la bruyère à quatre angles (Erica tetralix). Ce dernier habitat, revêtant un caractère tourbeux est particulièrement rare et précieux pour la conservation de nombreuses espèces telles la bruyère ciliée (Erica ciliata) mais aussi d’une faune appréciant les espaces semi-ouverts comme le mystérieux engoulevent (Caprimulgus europaeus).

La formation de la lande se limite à la forêt de Rambouillet et quelques petites surfaces sur les buttes tertiaires, en particulier sur le plateau des Alluets et dans le Vexin.

La nappe perchée des sables de Fontainebleau émerge assez rapidement aux moindres déclivités du relief. Dans ces conditions humides, apparaît la chênaie à molinie qui offre une transition vers des boisements tourbeux. Les aulnaies ou les boulaies à sphaignes sont des habitats à hautes valeurs patrimoniales notamment pour leurs cortèges de laîches (Carex laevigata, Carex curta) et de grandes fougères rares telles que l’Osmonde royale (Osmunda regalis) ou la fougère des montagnes (Oreopteris limbosperma). Elles sont cantonnées en situations de pentes, sur les buttes tertiaires du Vexin, du plateau des Alluets et en fond de vallons, dans la forêt de Rambouillet. Ces boisements particulièrement fragiles méritent d’être protégés dans toutes leurs stations.

En situations de forte pente, l’écosystème forestier a une moindre influence sur l’évolution des sols. Sur affleurement calcaire, apparaissent des boisements typiques. La hêtraie calcicole représente un stade climacique* assez rare tandis que la chênaie pubescente représente un stade de transition pouvant faire suite à une pelouse calcaire. Toutes ces formations n’apparaissent qu’au nord du territoire sur les pentes crayeuses, dans le Vexin, la vallée de la Seine et de manière plus sporadique, dans la vallée de la Mauldre, de la Vaucouleurs et au marge de l’Hurepoix dans la vallée de la Rémarde. Des espèces thermophiles* sempervirentes* comme le buis et la lauréole des bois, sont typiques de ces boisements.

La flore thermophile : en savoir plus
Parmi les ourlets et les sous-bois, on peut y découvrir des orchidées comme la céphalanthère à grandes feuilles (Cephalanthera damasomium) ou des espèces singulières comme l’hellébore fétide (Helleborus foetidus). Sur les quelques versants nord ou plus frais, se développe la Frênaie à scolopendre riche en fougères et offrant des ambiances à forte naturalité étant donné leur caractère peu accessible. Une variante plus continentale à hêtre et tilleul à grande feuille (Tilla platyphyllos) peut apparaître vers Port-Limetz et dans la vallée de Chevreuse.

En conditions humides mésotrophe*, les types forestiers sont assez marqués. Ces boisements sont généralement de faible extension sur le territoire. Ils accompagnent les zones humides, rivières et étangs. En amont, sur les ruisseaux on trouvera des aulnaies de pentes signalées par l’omniprésence de l’aulne au pied duquel croissent de grandes touffes de laîche pendante (Carex pendula). Les berges des rivières et des étangs présentant de fortes variations saisonnières du niveau des eaux sont colonisées par des boisements pionniers dominés par les saules. Les zones marécageuses, comme le fond des vallées moyennes, favorisent le développement des aulnaies à hautes herbes ou à groseilliers. Certaines de ces aulnaies sont récentes. Elles dérivent de la recolonisation d’anciens marais ou de prairies humides suivant une période de déprise agricole, tandis que d’autres parcelles, sont transformées en peupleraies. Les plus beaux exemples d’aulnaies se situent dans la vallée de l’Epte où les résurgences d’une nappe fraîche leur apportent une connotation tourbeuse.

Tous ces boisements sont régulièrement répartis sur le réseau hydrographique du territoire. Ils impriment une coloration particulière au paysage végétal, sombre pour l’aulne, argenté pour les saules ou les peupliers. Ces habitats, importants pour la biodiversité des zones humides, ont souvent été fortement impactés par les aménagements et l’eutrophisation*.

Les types forestiers présentés précédemment découlent de conditions stationnelles marquées. En condition mésophile* (moyenne), se développe les chênaie-charmaies, souvent conduites en taillis sous futaie ou en futaie. Ces boisements sont très abondants et répartis sur tout le territoire. Ils sont souvent fragmentés et peu étendus.

La flore des chênaies-charmaies : en savoir plus
Ces boisements dégagés sont accompagnés par un sous-bois présentant un tapis continu d’herbacées à floraison précoce. La variante calcicline* est caractérisée par la mercuriale (Mercurialis perennis) et le gouet tacheté (Arum maculatum). Dans des conditions légèrement plus fraîches, sur sols riches, apparaît le sous-bois à ficaire (Ficaria verna). La variante acidicline* est caractérisée par la jacinthe des bois (Hyacinthoides non scripta) ou l’anémone des bois (Anemone nemorosa) produisant des floraisons spectaculaire.

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