Les étangs des plateaux d’Yveline et le « réseau supérieur »
Sur les plateaux horizontaux et imperméables de l’Yveline et du Hurepoix nappés d’argile à meulière, l’eau ne se révèle naturellement pas autrement que par des landes et bois humides, quelques mares tout au plus. Pourtant, dans les parties urbaines comme dans les parties forestières, de grands étangs dessinent aujourd’hui des trouées de lumière, attractives pour les usages de loisirs, mais précieuses aussi pour la biodiversité qui s’y est développée. Leur aspect « naturel » tend à faire oublier leur histoire. Tous sont pourtant artificiels, creusés pour les besoins insatiables des jardins du château de Versailles en eau, destinée à alimenter les fontaines et jets souhaités par Louis XIV. Ils composaient le réseau des étangs supérieurs (les plus hauts en altitude).
Ce réseau « supérieur » alimentait gravitairement les réservoirs de Montbauron et ainsi les plus hautes fontaines du parc. Il en est coupé depuis 1977, la création de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines ayant conduit à la destruction partielle de l’aqueduc de Trappes. Mais l’ensemble du système existe toujours, aujourd’hui sous la responsabilité du SMAGER (Syndicat mixte d’aménagement et de gestion des étangs et rigoles). Comme toujours avec l’eau, les réappropriations et réutilisations sont multiples :
- le système permet toujours de gérer les eaux de plusieurs milliers d’hectares sur le plateau, de Rambouillet à Saint-Quentin-en-Yvelines, dont les eaux de pluie de nombreuses agglomérations ;
- les 42 km de rigoles du réseau supérieur encore existants ont été approfondies au XXe siècle pour accueillir les drains agricoles, qui assurent le drainage de 6 400 ha ;
- l’ensemble offre de multiples occasions de promenades touristiques, piétonnes, cyclables et équestres, grâce à la richesse remarquable du patrimoine construit hydraulique : les étangs, les rigoles de collecte, les aqueducs, mais aussi les deux haricots de l’étang du Perray et de l’étang de Saint Hubert (bassins de dissipation de l’énergie hydraulique creusés en demi-cercle), les chambres de soupape (incluses dans des pavillons encore visibles pour les étangs du Perray, Saint-Hubert et Saint-Quentin), les digues et les chaussées, offrant de beaux points de vue sur les étangs, …
- les étangs sont devenus attractifs pour les loisirs, la chasse et la pêche : le plus vaste étang des Yvelines, celui de Saint-Quentin (150ha) est au cœur d’une base de loisirs de 600 ha et permet de s’adonner à la voile ;
- les étangs ont aussi pris une valeur écologique, favorisant la riche biodiversité liée aux zones humides. Aujourd’hui, la partie ouest de l’étang de Saint-Quentin est classée réserve naturelle, et sert de lieu d’hivernage à de nombreux oiseaux migrateurs. Plus de 230 oiseaux peuplent les 90 hectares de la réserve. Plus globalement, l’ensemble du système est devenu un vaste écosystème de 600 ha comptant parmi les premières zones humides d’Île-de-France, dont une partie inscrite au réseau Natura 2000 ;
- à cette valeur écologique s’adjoint un rôle pédagogique, avec l’observation de la nature, facile pour le grand public depuis les digues et chaussées des étangs de Saint-Quentin, Saint-Hubert, Hollande, La Tour… La réserve naturelle de l’étang de Saint-Quentin attire quant à elle 5 000 visiteurs par an ;
- quant aux aqueducs souterrains, ils servent de zone d’hivernage pour les chauves-souris !