Les espaces agricoles
Les espaces agricoles sont soumis à gestion. Selon les potentialités du sol, les modes d’exploitations diffèreront en grande culture, culture pérenne, prairie … Depuis des temps historiques, certaines espèces se sont adaptées aux différents types de milieux soumis aux pratiques traditionnelles. Avec les transformations et l’intensification de l’agriculture, bon nombre de ces milieux et de ces espèces se sont raréfiés.
Les prairies
Les prairies hébergent des cortèges spécifiques remarquables à condition que leur gestion ne soit pas trop intensive. D’un point de vue stationnel, on distingue les prairies mésophiles* des prairies humides et d’un point de vue dynamique, la fauche ou le pâturage produisent des cortèges floristiques distincts.
Les prairies sont disséminées sur l’ensemble du territoire rural. Leurs implantations peuvent répondre à plusieurs logiques. Elles semblent se concentrer à proximité de l’espace habité, ce qui peut répondre à des besoins de proximité avec la ferme ou le lieu d’exploitation. Elles sont souvent reléguées sur les espaces les moins propices à la grande culture, les terres les moins fertiles, trop pentues ou éventuellement mouilleuses. Suivant cette logique elles peuvent être attenantes aux boisements. On remarque ainsi une concentration de prairies tout autour des boisements du massif de Rambouillet, qui contribuent à la qualité et à l’attractivité de ces paysages de lisières.
Lorsqu’elles sont fauchées ou pâturées extensivement, les prairies humides représentent des habitats de grande valeur patrimoniale devenus rares. Elles sont caractérisées par des graminées comme l’orge faux seigle (Hordeum secalinum) et le brome en grappe (Bromus racemosus). De nombreuses espèces rares y sont affiliées comme l’œnanthe à feuille de silaus (Oenanthe silaifolia) ou l’achillée sternutatoire (Achillea ptarmica). En condition tourbeuse, ces prairies peuvent se rapprocher du cortège des prés paratourbeux ou des bas marais. Suite à leur abandon, s’installent des mégaphorbiaies avec des espèces comme le pigamon jaune (Thalictrum flavum). En tant qu’habitat original, les prairies humides fauchées accueillent une faune spécifique comme le vanneau huppé qui les recherche pour sa nidification.
Les prairies humides sont surtout localisées sur le réseau hydrographique des rivières moyennes et de manière plus accentuée sur les franges ouest et est du département. On les trouve notamment, dans la vallée de l’Epte, dans les bassins versant de la Vaucouleurs, de la Vesgre, de l’Yvette et de la Rémarde.
L’importance des prairies s’inscrit également dans le contexte paysager du bocage. Celui-ci mêle les espaces herbacées prairiaux et les structures linéaires comme les haies ou mixtes comme les vergers de hautes tiges. L’emblématique chouette chevêche fait partie de la riche faune fréquentant cet écosystème en mosaïque. Sur le territoire, les structures bocagères relictuelles restent confinées aux vallons.
Les champs cultivés et les messicoles
Les champs cultivés représentent un écosystème très transformé avec le maintien de grands espaces ouverts. Certaines espèces y sont particulièrement affiliées notamment de l’avifaune telle l’alouette des champs. Les plantes dites « messicoles » constituent un cortège très important, fruit d’une longue adaptation aux conditions culturales. Celui-ci a particulièrement souffert de l’intensification de l’agriculture entraînant la raréfaction ou la disparition de nombreuses espèces au cours du siècle dernier.
Les messicoles ont également leur spécialisation suivant les types de cultures. Les coquelicots et les bleuets sont connus pour les vives colorations qu’ils confèrent aux champs de blés. De beaux exemples de grandes cultures encore peuplées de messicoles se rencontrent en particulier sur les terrains très calcaires du nord-ouest du département, vers la boucle de Moisson, les terrasses de Limetz-villez ainsi que dans le Mantois et sur terrain limoneux au sud du massif de Fontainebleau et dans l’Hurepoix.
Dans les légères dépressions des plateaux cultivés, sur terrain peu perméable, apparaissent de petites zones temporairement inondées. Ces « mouillères » constituent un habitat très original pourvu d’un cortège d’espèces relativement exceptionnelles telles que l’étoile d’eau (Damasonium alisma) ou la pulicaire vulgaire (Pulicaria vulgaris). Ces mouillères offrent aussi quelques relais de points d’eau pour les oiseaux migrateurs.
Cet habitat est typique du plateau argilo-limoneux de l’Hurepoix. On en trouve également quelques exemples au sud-ouest de la forêt de Rosny.