12 - La vallée de la Mauldre

Le plateau du Mantois est pour moi un secteur typique du périurbain. En termes de mise en conviction d’acteurs, d’acculturation sur les éléments paysagers, même si beaucoup d’efforts sont faits en termes d’études, d’ateliers avec les élus etc, je pense que cette attention au paysage doit être constante. Certes il y a les grands projets, mais ce ne sont pas forcément eux qui posent problème. La mobilisation est telle autour des acteurs qu’on se retrouve très nombreux autour de la table : cette dimension paysagère est donc complètement intégrée. Mais c’est sur des projets plus modestes, auxquels on prête moins attention, que se situe la marge de progrès des territoires en général. Quand on a des immeubles mal implantés, quand on a un hangar agricole dont on aurait pu discuter de l’implantation, de la hauteur, des matériaux, des revêtements… Ce sont des exemples de constructions assez récentes qui sont parfois assez catastrophiques. On fait du développement pavillonnaire dans ce secteur-là, et je ne le remets pas en cause, c’est normal ; mais je pense qu’on pourrait faire exactement la même chose avec une qualité d’intégration paysagère qui soit bien meilleure. Jean-Christophe RIGAL

Résumé

La Mauldre, encaissée dans les plaines et plateaux adjacents, dessine un paysage de vallée attractif par contraste avec son environnement dominant de grandes cultures étirées à l’horizontale. Les ambiances, les milieux, les vues s’enrichissent à la faveur des situations multiples offertes par la vallée et les coteaux, chantournés par les petits affluents. Occupée depuis très longtemps, la vallée offre aujourd’hui une image à la fois agricole, boisée et urbanisée. Les bois, épaissis par l’abandon de parcelles autrefois cultivées ou pâturées, coiffent les hauts de pente, laissant d’élégants bas de pente à l’agriculture et à l’urbanisation. Les bourgs historiques, contraints par la rivière et la topographie, ont vu leurs extensions gagner à la fois en longueur dans la vallée et en hauteur sur les coteaux. Quelques développements urbains, opérés dans les années 1970 ont contribué à grignoter ponctuellement le paysage naturel.

Situation

A l’aval de la plaine de Neauphle, la Mauldre, grossie par les eaux du Lieutel et de la Guyonne, creuse plus profondément son sillon, jusqu’à son débouché dans la vallée de la Seine, à Epône-Mézières/Aubergenville, une petite vingtaine de kilomètres plus loin. Elle sépare ainsi la plaine de Versailles à l’est, dont elle reçoit les eaux du Maldroit et du ru de Gally, et les premiers plateaux du Mantois qui s’annoncent à l’ouest (Boinville-en-Mantois). Profondément creusée, au point de dérouler des coteaux de 60 à 100m d’amplitude de l’amont à l’aval pour seulement 1,5 km de largeur, elle apparaît très clairement délimitée, d’autant que les hauts de pentes restent le plus souvent boisés.

Vecteur naturel de communication secondaire depuis la Seine, la vallée reçoit, malgré son étroitesse, la RD191 (« barreau » nord‐sud reliant RN 12 et A13), mais aussi la ligne ferroviaire de Paris‐Versailles‐Mantes‐la‐Jolie.

Unités de paysage locales :

La confluence avec le ru de Gally
Les vallons de Montainville
La vallée de Riche (Mareil-sur-Mauldre)
Le val d’Aulnay (Aulnay-sur-Mauldre)
Les pentes perchées agricoles de Bazemont (Bazemont, Maule)
Le vallon de la Rouase (Bazemont)
Le vallon de Nézel
Le vallon d’Epône

Caractéristiques paysagères, repérage d’enjeux

Un paysage en creux, attractif et précieux dans le contexte régional et départemental

A l’aval de Neauphle‐le‐Vieux, la Mauldre quitte la large plaine de Neauphle baignée par de multiples affluents, pour dessiner une vallée sud‐nord avant son débouché dans la vallée de la Seine. Elle s’enfonce nettement, dessinant un couloir encaissé, relativement discret dans le grand paysage agricole des plateaux et plaines adjacents. Ce faisant, elle introduit une précieuse diversité paysagère et écologique au sein des vastes étendues vouées aux grandes cultures. Ses hauts coteaux y protègent un monde radicalement distinct. Les vues se resserrent, les flancs de la vallée s’affichent clairement dans le paysage, les ambiances et les milieux varient à un rythme élevé, du plus frais et humide en fond de vallée au plus sec sur les coteaux calcaires, du plus ensoleillé au plus ombreux. Ce contexte varié a favorisé une implantation humaine de longue date, et aujourd’hui une dizaine de communes s’égrènent au fil de la vallée.

- Encourager le développement touristique.
- Aménager des sentiers et circulations douces continus.
- Créer des parcours de découverte et des points de vue.

Une vallée fragmentée, stratégique pour la biodiversité

Des affleurements calcaires confèrent à la vallée de la Mauldre une singularité biogéographique. Son orientation nord‐sud a favorisé la présence d’espèces d’affinité méridionale comme le chêne pubescent. Ainsi, elle joue le rôle d’un important bio‐corridor. Les coteaux calcaires accueillent de nombreuses petites pelouses calcicoles sur les pentes plus escarpées. Ces habitats originaux sont menacés par la fragmentation et la fermeture des milieux. En fond de vallée, les zones humides sont soumises à de fortes pressions urbaines.

- Initier des approches paysagères à l’échelle de la vallée.
- Renforcer les continuités écologiques.

Un paysage enrichi par les petits affluents

Le paysage de la vallée de la Mauldre est largement enrichi par les irrégularités qu’introduisent les affluents. Avec le ru de Gally et le ru de Maldroit, une douzaine d’affluents introduisent des situations nouvelles, des vallons secondaires, des orientations différentes, des milieux autres, des vues qui se complexifient. Ils sont souvent investis en partie par l’urbanisation.

- Préserver les sites et paysages particuliers.

Une vallée agricole et boisée, qui tend à se refermer

La vallée de la Mauldre offre une image à la fois agricole, boisée et urbanisée. Les grandes cultures se concentrent sur les rebords hauts non boisés et dans le fond de vallée. Les pentes les plus raides sont occupées par les boisements en amont, qui cèdent la place à des pelouses ou à des cultures en partie aval. Ces boisements de coteaux correspondent aux anciennes parcelles autrefois consacrées à l’élevage, à la vigne et aux vergers.

La part grandissante des boisements et de l’urbanisation, dans un contexte encaissé, accentue l’effet d’enfermement et rend d’autant plus précieuses les rares ouvertures mettant en relation la vallée et son contexte d’affluents, de plaine et de plateau.

- Offrir plus de paysages ouverts et enrichir les perceptions de la vallée.
- Préserver les structures paysagères de la vallée : arbres, haies, bosquets.

Une urbanisation presque partout présente, avec quelques « erreurs » en termes de paysage

L’urbanisation marque presque partout le paysage de la vallée, dans des dispositions variées. Seuls Bazemont et Montainville sont perchés au‐dessus du fond.

Selon la place disponible, les bourgs se sont plus ou moins développés en villages‐rues, autour de la RD 191, soit dès leur origine (Beynes, Nézel, La Falaise), soit par extensions (Mareil‐sur‐Mauldre, Maule, Aulnay‐sur‐Mauldre). L’arrivée du train puis de l’A13 à proximité ont favorisé le développement de résidences secondaires, remplacées et complétées progressivement par des résidences principales.

La pression de l’urbanisation de l’agglomération parisienne s’est traduite dans les années 1970 par des opérations d’envergure qui ont fortement impacté le paysage et certains sites de la vallée. A Beynes, les débordements en crête de lotissements et de logements collectifs, au‐dessus du beau site de la ferme de Fleubert, en sont des exemples.

L’attractivité des coteaux, offrant la vue et souvent l’ensoleillement, continue de se traduire par de l’urbanisation, qui a pris des formes plus diffuses aujourd’hui. Ce développement diffus dessert le potentiel touristique de la vallée, pourtant aux portes de l’agglomération parisienne et du grand couloir de la Seine.

- Maîtriser l’urbanisation diffuse.
- Conforter les centres bourgs et villages et en conserver l’esprit traditionnel.
- Préserver les espaces de respiration et corridors biologiques entre les bourgs.
- Composer des lisières pertinentes au contact des fronts bâtis.

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