08 – La plaine de Houdan

Si l’on regardait une carte de Houdan il y a 450 ans, on verrait que la ville d’aujourd’hui a exactement gardé, à part un ou deux accidents de l’histoire, cette configuration d’éperon au confluent de deux rivières, massive, dense et très minérale autour de son donjon et de son église, et n’ayant pas eu d’extension importante au cours de l’histoire. (…) Jean-Marie TÉTART

Résumé

La plaine de Houdan, traversée par la RN 12 (route de Bretagne) dessine un paysage de transition d’importance départementale et régionale. Ses grandes cultures largement ouvertes vers l’ouest annoncent la Beauce, tandis que ses lisières boisées et pâturées marquent l’appui du massif de Rambouillet à l’est, et de ses prolongements en ride et butte-témoin au nord et au sud. Au cœur de la plaine agricole, à la confluence de la Vesgre et de l’Opton, Houdan constitue une "petite capitale" frontalière, deux fois plus proche de Dreux que de Versailles. Affichée de loin par sa silhouette qui commande toute la plaine, elle offre en son cœur un patrimoine architectural et urbain remarquable et vivant, grâce au maintien de services et commerces de proximité. Sa qualité urbaine est confortée par des extensions contemporaines adaptées au tissu bâti hérité. Aux limites de la ville, la conjonction des vestiges de remparts et des cours d’eau contribue à dessiner des limites nettes, qui valorisent la relation ville-campagne dans une réciprocité bienvenue. Les lisières agri-forestières de la plaine composent de toute autres ambiances, intimes et riches grâce à la présence imbriquée des bois, des pâtures, des arbres isolés, des haies et des ripisylves, sur une topographie marquée. Réduites par les évolutions agricoles, elles sont maintenues notamment par l’élevage des chevaux. Des villages de grande qualité s’y nichent agréablement, valorisés par leurs sites mais aussi par la qualité de leur patrimoine architectural.

Situation

Appuyé sur les contreforts nord-ouest du massif de Rambouillet, le pays de Houdan constitue l’antichambre des vastes étendues agricoles de la Beauce et de la Normandie, aux marges des Yvelines et de la région Ile-de-France. Il est tout entier commandé par la petite ville de Houdan, qui trône au milieu de la plaine agricole. Située sur la route de la Bretagne (RN 12), elle forme une petite capitale, déjà éloignée de plus de 40 kilomètres de Versailles, et à plus de 20 km de Mantes, de Rambouillet et de Dreux.

Le rayonnement d’une dizaine de routes témoigne de cet ancrage central dans le pays, qui déborde sur l’Eure-et-Loir. Sur chacune de ces routes, aux marges de la plaine, les villages se répartissent à équidistance de Houdan, confortant son statut de "capitale" : Gressey, Richebourg, Bazainville, Perdreauville, Gambais, Bourdonné, Dannemarie, auxquels s’ajoutent en Eure-et-Loir : Champagne, Goussainville, Havelu, Saint-Lubin-de-la-Haye. Ceux des Yvelines s’appuient sur des limites boisées qui soulignent les contours de la plaine et composent ses horizons. Elles sont bien marquées à l’ouest avec le massif de Rambouillet (massif de Saint-Léger, forêt des Quatre Piliers), qui s’affiche de loin comme un rivage, depuis les grandes étendues céréalières d’Eure-et-Loir ; elles sont plus subtiles au nord, liées à une ride sableuse orientée dans la direction armoricaine, qui sépare en douceur la plaine de Houdan des plateaux du Mantois. Elle part de Bazainville, passe par Richebourg et Gressey, et se prolonge en Eure-et-Loir jusqu’à la vallée de l’Eure, où la « butte des Bruyères » rappelle par son toponyme la nature sableuse des sols, laissés en partie aux bois, forêts et bosquets allongés en guirlande.

Au sud, la butte boisée de La Ferrière, isolée du massif de Rambouillet, resserre le paysage de la vallée de la Vesgre dans des ambiances plus intimes, autour de Condé-sur-Vesgre, village de lisière. L’unité de paysage s’achève sur l’avancée boisée du plateau de Rambouillet orientée est-ouest au sud d’Adainville, qui referme l’horizon de la plaine de la Vesgre.

La voie ferrée contourne le massif de Rambouillet par le nord et raccorde Houdan à Versailles en 40 mn et à Montparnasse en 1h. La desserte routière (RN12) et ferroviaire relie Houdan et son "pays" aux grandes zones d’emploi de Paris, Versailles et Saint-Quentin-en-Yvelines malgré leur relatif éloignement et l’ouverture naturelle du paysage vers l’ouest et le Drouais.

Unités de paysage locales :

La plaine de Houdan
La plaine de Condé-sur-Vesgre
La ride de Richebourg

Caractéristiques paysagères, repérage d’enjeux


Une plaine agricole tenue par des horizons boisés, qui s’ouvre vers l’ouest

La plaine de Houdan constitue un intéressant paysage intermédiaire, par sa position et son échelle. Occupée aujourd’hui par les grandes cultures de céréales et d’oléoprotéagineux en son coeur, elle marque l’ouverture des Yvelines vers l’Eure-et-Loir et la Beauce, véritable "marche frontalière" de la région Ile-de-France.

La géologie confirme remarquablement ce passage, avec d’une part l’apparition de la craie dans les sols aux abords même de la limite départementale côté ouest qui annonce la Beauce, et d’autre part les sables de Fontainebleau côté est qui marquent la limite du plateau d’Yveline.

Les larges et lumineux horizons qu’ouvrent les grandes cultures vers l’ouest, sont partout ailleurs tenus par des reliefs et des boisements, qui délimitent la plaine et enrichissent les ambiances et les milieux.

A l’est, le plateau de l’Yveline qui est couvert par la forêt de Rambouillet constitue un "rivage" bien lisible, limite de grands ensembles paysagers d’importance régionale. Il domine de près de 80 m la plaine.

Au sud, la butte-témoin de la Ferrière (parfois appelée Mont Musset), resserre le paysage dans des ambiances plus intimes et plus fraîches, autour de la vallée de la Vesgre.

- Préserver et mettre en valeur les points du vue depuis les rebords du plateau d’Yveline/forêt de Rambouillet.
- Trouver un point de vue depuis la butte de la Ferrière en le reliant au sentier de Grande Randonnée Pays (GRP) des Yvelines.

Au nord, une ride de sables de Fontainebleau dite " ride de Richebourg" ondule au-delà du plateau d’Yveline dans la direction armoricaine. Malgré son altitude modeste (130 m à 160 m environ), elle sépare en douceur la plaine de Houdan des plateaux du Mantois. Sur ces sols pauvres, l’agriculture cède en partie la place aux bois et aux forêts. Ils forment une ribambelle discontinue qui suffit à composer des horizons boisés, soulignant ce passage du Mantois au Drouais.

- Conforter le paysage de la ride de Richebourg.

Des paysages de grandes cultures largement ouverts, mettant en valeur la présence centrale de Houdan

Dans la plaine, les grandes cultures composent de larges paysages ouverts sur le ciel, puissants par leur simplicité. La Vesgre et ses affluents sillonnent cet "océan de cultures", tandis que l’aqueduc de l’Avre passe discrètement au nord, à peine marqué par ses bornes. Cet aqueduc approvisionne en eau potable la ville de Paris depuis l’Eure et Loir aux environs de Dreux.

Quelques belles fermes isolées ponctuent les étendues cultivées, comme des radeaux, auxquels s’ajoutent des éléments isolés de patrimoine construit ou des bosquets (remises forestières).

Quant aux rares villages en cœur de plaine, ils s’organisent le long de la route qui suit par endroit le cours d’un ruisseau (l’Opton pour Dannemarie, l’Andusse pour Thionville sur Opton).

- Préserver les éléments de patrimoine naturels et culturels.
- Encourager la reconquête d’îlots de biodiversité.
- Intégrer les bâtiments d’activités isolés dans le paysage ouvert de la plaine.

Houdan marque le paysage de sa présence centrale à la confluence de la Vesgre, de l’Opton et du Sausseron. Sa silhouette, rehaussée par son donjon, son église et son ancienne usine Fouché réhabilitée en logements, s’affiche de loin. De certains points de vue, les implantations d’activités et d’habitat le long de l’ancienne RN 12 affaiblissent la silhouette du bourg.

Les arbres, rares, accompagnent par endroits les cours d’eau. Ils y forment alors des ripisylves qui sont des cordons boisés propices à la diversité biologique et à la richesse paysagère de la plaine.

- Valoriser un ou des points de vue à distance sur Houdan.
- Intégrer les zones d’activités de Houdan / Maulette dans le grand paysage cultivé.
- Renforcer la présence arborée des cours d’eau dans le paysage.

En entrée ouest de Houdan, les grands platanes de l’ancienne RN 12 marquent puissamment le passage urbain/agricole et plus largement l’entrée/sortie de la région Ile-de-France. A l’est, ce sont les tilleuls taillés en rideaux qui accompagnent l’urbanisation linéaire de Maulette dans une cohérence d’ensemble.

- Préserver les alignements d’arbres des bords de routes.

Houdan, petite capitale au riche patrimoine.

Avec sa position à la fois marginale à l’échelle régionale et centrale à l’échelle locale, Houdan constitue une véritable "petite ville capitale". Son donjon, qui marque la silhouette de la ville, et les restes plus discrets de ses remparts, témoignent de sa position stratégique de ville défendue par les Montfort contre les Anglais, puis rattachée au Royaume de France par l’Edit de l’Union en 1532.

Ces limites historiques ont joué avec les limites naturelles qu’offraient les cours d’eau de la Vesgre et de l’Opton, l’ensemble composant aujourd’hui d’agréables continuités douces enrichies de patrimoine bâti.

La ville garde ainsi une relation franche avec les espaces agricoles de la plaine, dans un jeu de vues réciproques, qui fait une part de son originalité et de sa valeur paysagère.

Le cœur ancien bénéficie d’un patrimoine bâti remarquable, et la présence des commerces et des services, ainsi que du marché hebdomadaire, maintenus en cœur de ville, contribue à l’animation de la petite cité.

- Préserver les ouvertures visuelles et physiques de la ville sur la campagne.
- Préserver les limites franches de Houdan avec sa campagne.
- Instaurer, le cas échéant, des promenades vertes autour du bourg.
- Mettre en valeur les abords immédiats du donjon.
- Protéger le cœur de ville des stationnements et intensifier la qualité paysagère urbaine.

Des constructions récentes de petits collectifs sont bien intégrées aux volumes traditionnels en place et consolident la qualité urbaine du bourg.

Des paysages de lisières précieux et attractifs

Aux marges yvelinoises de la plaine de Houdan, des paysages de lisière séduisants se dessinent : la conjonction des reliefs et des sols sableux voire marneux, des bois et des forêts, des prairies et des pâtures, dessinent d’autres ambiances, plus variées et plus intimes, autour de Condé-sur-Vesgre et de sa plaine.

Les vergers et prés-vergers ont malheureusement quasiment disparu au cours des dernières décennies (il y avait une cidrerie à Houdan dans l’usine Fouché).

La toponymie témoigne de la nature humide des sols, à la rencontre des sables de Fontainebleau et des marnes (ici entre Bazainville et Richebourg) : les Noues, les Terres des Noues, les Marnières, la Mare Fleurie, le Saule Grugeon, la Glaisière, … Elle rappelle également la variété de l’occupation des sols, des paysages et des milieux qui en résultaient : les Pâtis, les Prés Déserts, les Vignes, … Cette épaisseur de la lisière de la forêt de Rambouillet a été réduite par les progrès de l’agriculture, au bénéfice des grandes cultures. Quelques micro-fonds humides, soulignés par des arbres signaux comme les saules têtards, rappellent cet héritage

Aujourd’hui, l’élevage de chevaux complète les quelques troupeaux de vaches et l’ensemble permet le maintien de prairies et de pâtures, essentielles à la qualité paysagère et écologique de cette transition, d’importance départementale et régionale.

La rencontre de la grande forêt et des grandes cultures a été favorable à l’implantation des villages et des lieux de villégiature, devenus au fil du temps des résidences principales. Mais l’attractivité des lieux reste méconnue par la relative rareté des cheminements et circulations douces. Seuls le GRP des Yvelines et le GR 22 y passent brièvement, sans s’y attarder.

- Préserver les prairies, pâtures et vergers qui accompagnent la lisière forestière.
- Poursuivre la mise en valeur paysagère et écologique des chapelets d’étangs et de mares.
- Développer des circulations douces de découverte de ce riche paysage de lisière.

Des villages ruraux soignés

Les villages et hameaux, répartis aux marges de la plaine, se nichent pour la plupart dans les paysages des lisières, soit en appui direct sur la forêt (Gambais, Perdreauville, Bazainville), soit en clairière (Gressey, le Boulay), notamment à la faveur de la Vesgre (Bourdonné, Condé-sur-Vesgre, Adainville). Au nord, Richebourg, positionné dans le secteur au relief plus faible, sert de point de communication avec le Mantois par la RD 983, et voit ses appuis boisés moins marqués.

D’aspect rural préservé, les villages offrent une image soignée grâce au bâti traditionnel réhabilité et aux linéaires de murs qui bordent l’espace public des routes et des rues. Ils sont enrichis par la qualité des églises et de l’architecture rurale en général. A l’est du pays Houdanais, les tons chauds de la meulière dominent, tandis qu’au nord et à l’ouest le calcaire s’impose.

- Poursuivre la gestion patrimoniale du bâti.
- Inscrire les extensions nouvelles dans ce paysage de lisière, en veillant à leur couleur (souvent trop blanche) et à leur accompagnement végétal (lisières urbaines).
- Privilégier l’urbanisation au centre des villages plutôt qu’en extension.

La présence discrète des châteaux est révélée par les murs délimitant les parcs, ou par des perspectives. A Gambais, le château de Neuville dessine ainsi une percée remarquable vers le nord, de 4 kilomètres de long, qui a contribué à organiser le développement du bâti aux abords d’une perspective à la fois paysagère et urbaine rare et originale.

Pour cette unité de paysage, la charte paysagère de la Communauté de communes du pays houdanais (CCPH), achevée en 2011 peut être consultée.

Partager la page