07- Le plateau de Vélizy-Villacoublay
Résumé
Le plateau de Vélizy-Villacoublay, partie ouest d’un plateau plus vaste s’étendant sur l’Essonne (Verrières) et les Hauts-de-Seine (Meudon), marque encore son appartenance au paysage du Hurepoix par ses rebords boisés. La forêt domaniale de Meudon au nord et celle de Versailles au nord et au sud offrent ainsi de précieux espaces de nature, immédiatement accessibles aux habitants, qui font une bonne part de la qualité du cadre de vie du plateau. Le paysage urbain de Vélizy-Villacoublay, tout entier hérité des années 1960-1970, est caractéristique de la pensée moderniste, offre à la fois de belles continuités paysagères au cœur des barres et des îlots et de larges routes et parkings. Le quartier des Metz (commune de Jouy-en-Josas), en clairière dans la forêt domaniale de Versailles, offre une toute autre image de maisons individuelles, sous forme de lotissements successifs d’après-guerre, avec quelques secteurs dont l’architecture et le paysage témoignent encore de son attractivité historique pour la villégiature. Quant à la base militaire, elle occupe de vastes emprises, mais n’offre à voir ses grands dégagements liés aux pistes de l’aérodrome qu’avec parcimonie.
Aujourd’hui, la transformation et la modernisation de la ville de Vélizy-Villacoublay s’opèrent, notamment à la faveur de la création de la ligne de tramway reliant Châtillon à Viroflay, offrant sept stations sur le plateau.
Situation
Le plateau de Vélizy-Vilacoublay constitue la partie ouest d’une unité paysagère plus vaste, interdépartementale, qui s’étend également sur l’Essonne (Bièvres, Verrières-le-Buisson) et les Hauts-de-Seine (Meudon, Clamart, Le Plessis-Robinson, Châtenay-Malabry). L’ensemble constitue l’extrémité nord-est du Hurepoix, qui bascule sur la « cuvette » de Paris avec la Seine au nord et la Bièvre à l’est. Dans le département, le plateau de Vélizy-Villacoublay sépare Versailles et sa petite plaine formée par la naissance du ru de Marivel, au nord, de la vallée de la Bièvre au sud. Il est coupé du plateau de Satory par deux affluents successifs de la Bièvre (vallon du Petit-Jouy et vallon de Buc). A seulement 11 km de Paris, le plateau est urbanisé à l’exception de son aérodrome, et traversé en droite ligne par l’A86 qui reçoit 120 000 véhicules par jour. Mais il est aussi plus discrètement boisé sur ses marges, avec la forêt domaniale de Meudon et de Versailles au nord (Vélizy, Viroflay) et celle de Versailles au sud qui prend en clairière le quartier des Metz (Jouy-en-Josas).
Unités de paysage locales :
Le plateau urbanisé de Vélizy-Villacoublay
L’aérodrome militaire de Villacoublay
La clairière des Metz
Caractéristiques paysagères, repérage d’enjeux
Un morceau de Hurepoix, valorisé par ses lisières forestières
Au nord, l’urbanisation s’achève sur les lisières de la forêt de Meudon, qui coiffe les pentes s’inclinant vers Versailles, Viroflay et Chaville. Cette présence forestière offre aux habitants d’immenses et précieux espaces de promenade de proximité immédiate.
La forêt apparaît d’autant plus appréciable lorsque, en certains endroits, les voies en lisières sont limitées et aménagées dans des dispositions apaisées (rue Brindejonc des Moulinais, rue Paul Fort, …) et que la bordure de forêt elle-même prend un caractère de parc arboré qui assure la transition douce entre ville et forêt, avec de nombreux chemins d’accès.
Au sud et à l’ouest, c’est la forêt de domaniale de Versailles qui borde le plateau. Elle occupe davantage sa surface plane, tout en coiffant les pentes qui dévalent sur la Bièvre et son affluent du Petit-Jouy. C’est en son sein que s’est développé le quartier des Metz, dont certaines parties tirent leur qualité paysagère de cette fusion avec la forêt (voir ci-dessous).
La forêt de Meudon est une forêt typique des"buttes stampiennes" de l’ère tertiaire que l’on retrouve plus au sud avec les calcaires de la Beauce (voir le chapitre sur les paysages et la géologie dans la partie « fondements » du présent atlas). Il s’agit de boisements acidophiles principalement constitués de châtaigneraies ou de chênaies. La "nappe perchée" des sables de Fontainebleau peut occasionner des suintements susceptibles de produire des habitats frais à humides en particulier sur les versants nord. Ces boisements périurbains s’avèrent soumis à de fortes pressions dues à la fréquentation entraînant une dégradation des milieux. L’Office National des Forêts (ONF) adopte une gestion sylvicole relativement classique mais néanmoins soucieuse des réticences des habitants aux coupes rases et elle reste modeste par rapport au potentiel écologique.
La nature humide des sols, typique des plateaux du Hurepoix, ne se lit plus guère dans le paysage : pas d’étang comme sur le plateau de Saint-Quentin-en-Yvelines. Seules les cartes anciennes, notamment la carte d’état-major du XIXe siècle, témoignent de l’importance de l’eau, sous forme d’étangs et de mares, pour organiser le paysage du plateau. Pourtant de discrètes traces témoignent d’un réseau hydraulique important du XVIIe siècle, aménagé sur tout le plateau pour alimenter en eau les jardins du domaine royal de Meudon (œuvre de Le Nôtre). Il est constitué de 50 km de rigoles, d’aqueducs souterrains et de grands étangs réservoirs, que s’attache à valoriser une association (Arhyme).
- Conforter les percées et perspectives visuelles forestières vers Viroflay, Versailles et la vallée de la Bièvre.
- Augmenter les fonctionnalités écologiques de la forêt notamment pour les milieux humides.
- Mettre en valeur l’eau dans les aménagements du plateau.
Une base militaire cachant discrètement l’étendue de son aérodrome
Au sud de l’A86, la Base militaire aérienne 107 de Villacoublay occupe l’essentiel du plateau, à cheval sur les Yvelines et l’Essonne. Pourtant, elle reste discrète dans le paysage, offrant rarement à découvrir ses vastes étendues ouvertes, précieuses en secteur urbain dense. La nature militaire de l’aérodrome a conduit à la création de longs linéaires de murs de béton surmontés de barbelés et de merlons de terre. Au nord, un manchon de bâtiments cache ces étendues depuis l’A86.
- Revaloriser les abords de la base aérienne de Villacoublay.
Un plateau marqué par l’urbanisme de la reconstruction
Le paysage urbain de Vélizy-Villacoublay est aujourd’hui marqué d’une époque, celle de la reconstruction des années 1960. Il a été conçu par l’urbaniste Robert Auzelle et l’architecte Alain Gillot.
La création de l’aérodrome en 1910 avait initié un processus partiel d’urbanisation ouvrière pendant l’entre-deux-guerres, à la faveur du développement des industries aéronautiques. Jusqu’alors, le plateau était resté entièrement agricole, occupé par trois des plus grosses fermes de Seine-et-Oise, avec 270 habitants répartis sur le village de Vélizy et le hameau de Villacoublay. La ville, qui atteint 5 000 habitants en 1940, est ravagée par la guerre, du fait des bombardements alliés sur l’aérodrome occupé par les Allemands. Déclarée « ville sinistrée » puis ZUP (zone à urbaniser en priorité) en 1958, elle vit une transformation spectaculaire de 1962 à 1972. Une ville nouvelle sort de terre, organisée en cinq phases. Le quartier du Mail est le premier à être construit, suivi de l’extension ouest (quartier Mozart) puis de l’extension est (quartier Louvois). La zone d’emploi voit le jour en 1966, avant l’ouverture du centre commercial régional Vélizy 2 en 1972.
Aujourd’hui, le paysage urbain de l’habitat offre de grandes emprises plantées au cœur des îlots des bâtiments en barres et en plots.
Il est aussi composé de larges voies routières flanquées de nombreux parkings à caractère minéral.
Quelques secteurs ont jusqu’à présent échappé à une excessive « résidentialisation », offrant ainsi de belles continuités d’espaces verts et libres, sans surabondance de clôtures et de cloisonnements d’espaces.
- Poursuivre le développement du réseau des circulations douces.
- Préserver les continuités paysagères à travers les quartiers.
- Encourager la qualité architecturale des projets.
Le plateau est aussi largement occupé par les entreprises tertiaires (43 000 emplois, 1000 entreprises), qui marque fortement l’identité de Vélizy-Villacoublay. Avec en outre le vaste centre commercial de Vélizy 2 (20 millions de visiteurs annuels), ce pôle économique régional génère d’intenses déplacements sur les larges emprises de l’A86 (2x3 voies) et les énormes échangeurs afférents (A86/RN118, D57/RN118, D53/A86)
Le plus spectaculaire reste les trois échangeurs construits dans les années 1970 au croisement de l’A86 et de la RN 118, flanqué de l’immense centre commercial Vélizy 2.
Cette logique routière et économique, qui a largement présidé au destin paysager du plateau, voit sa suprématie atténuée par l’arrivée du tramway Viroflay/Vélizy-Villacoublay/Châtillon, mis en service en 2014-2015. Avec sept stations sur les treize du parcours total, le plateau voit déjà s’opérer une transformation de son paysage aux abords du tracé, dans des dispositions plus urbaines et plus denses.
Les Metz, le Clos : des quartiers en lien avec la clairière
Tout n’est pas dévolu à l’habitat collectifs, aux infrastructures et aux grands pôles tertiaires et commerciaux sur le plateau de Vélizy-Villacoublay. Quelques vastes quartiers résidentiels pavillonnaires s’y étendent. C’est le cas du quartier du Clos et du quartier des Metz. Le quartier du Clos est un lotissement né au début du 20ème siècle. Il reprend le nom d’une propriété existant déjà au début du 18ème siècle : Le Clos de la Perrière.
Le quartier des Metz occupe la partie boisée du plateau de Vélizy-Villacoublay, en étant développé en clairière. Limité à 36 habitants en 1813, il grossit au tournant des XIXe et XXe siècles, sous la forme de maisons de villégiature, attirant des personnalités aussi diverses que les princesses Murat et Polignac ainsi que Mme de St-Marceaux (égéries des salons mondains parisiens, du monde de la musique et de la littérature), le peintre Chaplin, le philosophe et historien Daniel Halévy, le Docteur Calmette, Léon Blum, … Le lotissement Les Metz est viabilisé en 1930. Mais c’est surtout après guerre qu’il s’urbanise. En 1955 se crée le quartier de Clair Bois, en 1958 le lotissement du Vallon ; enfin en 1960 le parc du château de Montebello est lui aussi loti. Cette succession d’opérations explique le caractère hétérogène du paysage habité selon les secteurs ; banal par endroits du fait de lotissements impersonnels, il prend ailleurs sa valeur et sa personnalité lorsqu’il est en dialogue avec son contexte forestier.