04 - Les vallées et plateaux de Chevreuse

La vallée de Chevreuse est extrêmement riche en paysages. Le paysage y est varié, c’est vallonné et agréable. Dès que ça rompt la monotonie, c’est très agréable, on se fait surprendre au détour d’un virage. Bernard DUCOUT

Résumé

Les vallées et plateaux de Chevreuse, caractéristiques du Hurepoix, composent un paysage plus diversifié qu’ailleurs, grâce à l’alternance resserrée de plateaux agricoles et de vallées nettement encaissées. Ces vallées offrent une étonnante ambiance de « campagne », rare en Ile-de-France. Tenues dans leur écrin de hauts coteaux boisés, discrètement urbanisées, elles sont particulièrement valorisées par les cultures et pâtures dans les fonds, qui garantissent les ouvertures et les respirations, indispensables mais fragiles. Les plateaux, presque entièrement pris par les grandes cultures, ne présentent pas l’immensité parfois hors d’échelle rencontrée ailleurs. Ils se présentent systématiquement comme des clairières, bordées par les horizons forestiers que composent la forêt de Rambouillet ou les bois qui accompagnent les vallées. De façon surprenante, cet accompagnement arboré suffit à rendre la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines invisible, malgré son immédiate proximité, et à renforcer le contraste net des ambiances du plateau d’Yveline.

Le paysage est particulièrement riche en patrimoine architectural, qui tantôt marque l’horizon, tantôt compose des sites intimes de charme : château de la Madeleine, , châteaux de Dampierre et de Breteuil et abbayes des Vaux de Cernay et de Port-Royal-des-Champs.

Ce cadre de vie de qualité, à trente kilomètres de Paris et contigu à la ville nouvelle, a été préservé de l’urbanisation massive par le classement de sites au titre de la loi 1930, par son appartenance au Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, et par une desserte en transports en commun cantonnée à ses marges.

Il est intensément fréquenté par les visiteurs, grâce à un assez dense réseau de chemins de randonnée.

Les plateaux de Saclay et de Limours sont rattachés à cette unité de paysage, du fait de leur faible superficie dans les Yvelines. Mais, à l’échelle interdépartementale et régionale, ils constituent des unités de paysage propres, du fait de leur grande étendue et, pour le plateau de Saclay, de sa situation périurbaine plus marquée.

Le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse a réalisé des plans de paysage très précis et documentés qui complètent cette analyse.

Situation

Le paysage des vallées et plateaux de Chevreuse s’étend entre la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines au nord et la forêt de Rambouillet au sud, et se prolonge à l’est dans l’Essonne par les plateaux de Saclay et de Limours, et par la vallée de l’Yvette. A l’ouest il prend appui sur l’urbanisation du plateau de Trappes (Maurepas, Coignières, les Mesnil-Saint-Denis, dans la continuité de la ville nouvelle) et sur la forêt de Rambouillet. Il se présente comme un patchwork imbriqué de plateaux agricoles en clairière et de vallées boisées, formé par l’Yvette et ses affluents aux marges du plateau d’Yveline. La proximité de Paris à une trentaine de kilomètres, de Versailles et de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines induisent une forte pression d’urbanisation, que renforce l’attractivité du cadre de vie offert. Dans la région, il est rare en effet de bénéficier de paysages aussi variés à une échelle aussi resserrée : cette partie du Hurepoix échappe aux grands systèmes monotones formé de vastes plateaux agricoles et de vastes forêts grâce à ce jeu resserré de vallées qui fractionnent le tout et animent le paysage. Malgré la pression, ce cadre de vie a jusqu’à présent été plutôt préservé par la création du Parc naturel régional de la Haute-Vallée de Chevreuse en 1985. Sur l’axe de la RN 10, les Essarts-le-Roi et le Perray-en-Yvelines, ont maintenu des espaces de respiration qui les individualisent et les distinguent du continuum de la ville nouvelle. De même, les coteaux boisés de Saint-Rémy-lès-Chevreuse distinguent la vallée de l’Yvette yvelinoise, moins artificialisée, de l’Yvette essonnienne davantage urbanisée dans la continuité de l’agglomération parisienne. Chevreuse n’est pas la ville principale mais, au cœur de la vallée de l’Yvette, elle en constitue la capitale symbolique en ayant donné son nom au Parc naturel régional.

Le plateau de Limours

Entre l’Yvette au nord et la forêt de Rambouillet au sud, le plateau de Limours s’allonge dans la direction armoricaine sur une quinzaine de kilomètres d’est en ouest, de Cernay-la-Ville à l’autoroute A10 en Essonne (et même au plateau du Déluge de l’autre côté). Il est donc beaucoup plus vaste que les plateaux fractionnés de Chevreuse.

C’est le seul plateau du Hurepoix à offrir des horizons agricoles infinis, préfigurant la Beauce toute proche. Il constitue donc, à l’échelle interdépartementale et régionale, une véritable unité de paysage. Il est intégré au présent chapitre « des vallées et plateaux de Chevreuse », car il ne s’étend dans le département que marginalement à l’ouest, vers Cernay-la-Ville.

Le plateau de Saclay

Comme le plateau de Limours, le plateau de Saclay s’allonge dans la direction armoricaine, pris cette fois entre la Mérantaise et la Bièvre. Il s’allonge au total sur une dizaine de kilomètres de long, depuis les confins de Saint-Quentin-en-Yvelines jusqu’à Palaiseau dans l’Essonne, pour quatre kilomètres de large environ.

Dans sa partie Yvelinoise, le plateau de Saclay bénéficie d’horizons préservés, grâce aux bois de la Mérantaise et aux aménagements paysagers du golf et des implantations d’activités de Saint-Quentin-en-Yvelines. (Ici une vue depuis l’aérodrome de Toussus-le-Noble vers Châteaufort et le golf). En d’autres secteurs, ses limites sont marquées et fragilisées par l’urbanisation d’habitat individuel ou collectif, d’activités, de clôtures industrielles ou « militaires », de citernes, de lignes à haute tension, de talus, de mobilier routier.>

Ses dimensions, et sa nature particulière, davantage marquée par la proximité de l’urbanisation parisienne (à 20 km à vol d’oiseau de la cathédrale Notre-Dame), en font une unité de paysage en soi à l’échelle interdépartementale et régionale.

Comme le plateau de Limours, le plateau de Saclay, est abordé dans le présent chapitre des « vallées et plateaux de Chevreuse » par le fait que le département des Yvelines n’est concerné que par le tiers ouest du plateau, autour de Toussus-le-Noble.

L’entité du plateau s’affirme avec la communauté de destin programmée pour le plateau, portée par l’Etablissement public du Plateau de Saclay (EPPS). Entre Orly et Versailles, le projet de métro automatique (Grand Paris Express) traversera le plateau, vecteur d’un développement urbain et économique qui devrait conforter la spécificité paysagère de Saclay sur de nouvelles bases, même si une préservation d’espaces agricoles est programmée.

Unités de paysage locales :

La vallée de l’Yvette
La vallée du ru des Vaux
La vallée du Rhodon
La vallée de la Mérantaise
Le vallon du ru du Pommeret
Le vallon du ruisseau d’Ecosse-Bouton
Le vallon du ruisseau de Montabé
Le plateau du Perray-en-Yvelines (Les Bréviaires)
Le plateau de Vieille-Eglise-en-Yvelines
Le plateau des Essarts-le-Roi
Le plateau des Cinq Cents Arpents
Le plateau de Lévis-Saint-Nom
Le plateau du Mesnil-Saint-Denis
Le plateau de Magny-les-Hameaux
Le plateau de Saclay (Toussus-le-Noble)
Le plateau de Limours (Cernay-la-Ville)

Caractéristiques paysagères, repérage d’enjeux

Une série de vallées profondes, enserrant de surprenants paysages de campagne

Alors que, au sud du plateau de Limours, la Rémarde et l’Orge ont largement mis à nu les sables de Fontainebleau à leurs abords, composant des pentes et plaines adoucies gagnées par la forêt de Rambouillet, l’Yvette et ses affluents, au nord, incisent plus franchement le plateau d’Yveline. Ce sont de véritables vallées qui se sont formées, et non plus des vallonnements.

Elles sont profondes : le dénivelé atteint 80 à 90 m d’amplitude pour la vallée de l’Yvette. La densité de petites vallées est également remarquable à l’échelle régionale ; l’Yvette, le ru des Vaux, la vallée du Rhodon et la vallée de la Mérantaise pour les plus importantes ; mais aussi le ru du Pommeret (qui naît à Coignières), le ruisseau d’Ecosse-Bouton (que domine le château de Breteuil), le ruisseau de Montabé (en face du Rhodon), et leurs micro-affluents (ravins, rouillons et fonds).

Chacune offre des ambiances de campagne inattendues, en contraste aussi bien avec l’urbanisation de l’agglomération parisienne toute proche, qu’avec les étendues plates agricoles des plaines et plateaux yvelinois et franciliens. C’est un véritable paysage « d’évasion » qui s’offre, composé de prairies et de champs bordés d’arbres, de rivières et de villages, rare en Île-de-France.

- Préserver l’échelle intime du paysage des vallées qui mêle sur de courtes distances les cultures, les pâtures, les villages, l’eau, les arbres, les bois et forêts.

Des écrins protecteurs forestiers efficaces sur les versants

Chaque vallée compose un monde en soi, totalement distinct des plateaux qui la dominent comme des autres vallées. Ce découpage net du paysage est lié à la puissance de la topographie en creux, mais il est renforcé par les bois et forêts, qui accompagnent systématiquement les versants des vallées, trop raides et trop pauvres pour être conquis par l’agriculture.

Sur ces pentes et rebords de plateaux, le chêne domine, accompagné occasionnellement de pins sylvestres, de bouleaux et de châtaigniers et de bruyère au sol, qui trahissent l’acidité des sols sableux. Sur les flancs du ru des Vaux de Cernay, des blocs rocheux de grès accentuent le caractère pittoresque des pentes, maintes fois représenté par les peintres paysagistes de l’école de peinture de Cernay. Certaines forêts présentent un intérêt historique, par leurs tracés hérités des chasses royales (forêt régionale et domaniale de Port-Royal), par leur association aux grands domaines (parc de Dampierre, parc de Breteuil, bois de Méridon), ou par les discrets héritages de modes culturaux passés (cormiers du bois départemental de la Madeleine, alignements de châtaigniers greffés dans le bois des Boisseaux et de la côte brûlée à Senlisse).

Ce système de versants boisés est ancien. On le trouve sur la "carte de Cassini" au XVIIIe comme sur la carte d’Etat-Major au 1/40 000e du XIXe siècle. Mais un examen attentif montre une dissymétrie de versants : ceux exposés au sud sont raides mais ceux exposés au nord, plus doux, ont pu recevoir autrefois des cultures et des vergers, ce que montre par exemple la carte topographique de 1900. Cette dissymétrie serait due à une alternance plus rapide du gel et du dégel sur les coteaux exposés au soleil, offrant un profil d’érosion plus franc que sur les pentes à l’ombre.

On trouve encore aujourd’hui de rares et beaux paysages de versants ouverts, notamment sur le ru du Pommeret, parcouru par le GR 11 et des sentiers du Parc naturel régional.

- Préserver voir reconquérir les pentes cultivées des vallées, rares et précieuses pour les ouvertures du paysage qu’elles offrent (vallées des vaux de Cernay, Pommeret, Ecosse Bouton, Montabé, Queue de l’Etang, Rhodon, Mérantaise, Vaularon)

Des espaces ouverts et des zones humides précieux en fonds de vallées

Dans les vallées, les ouvertures du paysage sont liées à l’eau, aux cultures, prairies et pâtures des fonds aplanis. Les rivières elles-mêmes, délaissées par les activités passées dont témoignent quelques éléments de patrimoine comme les lavoirs et les moulins, sont aujourd’hui modestes et discrètes, du fait des ripisylves (cordons boisés) qui les accompagnent, et de l’abandon de l’entretien des prairies humides entre cours d’eau et versants, qui donnaient à lire leur présence.

L’eau est davantage révélée par les étangs, artificiels mais ayant pris avec le temps une valeur naturaliste. Ils jouent le rôle de bassins de retenue dans la lutte contre les inondations (bassin de Saint-Forget, bassin de Chevreuse). Certains étangs sont de véritables pièces d’eau, parties intégrantes des compositions de domaines, comme autour du château de Dampierre ou à l’amont de l’ancienne abbaye des Vaux de Cernay.

Des zones humides semi-ouvertes, variant de la prairie humide à la forêt humide en passant par les roselières et les saulaies, écologiquement et paysagèrement riches, suivent les fonds des vallées, notamment les cours amont des rus des Vaux, du Pommeret, de l’Yvette et de la Mérantaise. Les aulnaies marécageuses, en particulier, avec leur végétation herbacée spécifique, comme les touradons de carex, constituent des milieux et paysages rares et originaux. Ces fonds de vallée souvent tourbeux et par conséquent à l’équilibre écologique fragile, hébergent des habitats naturels patrimoniaux.

- Revaloriser la présence des zones humides afin de faciliter l’expansion des crues et l’infiltration de l’eau.
- Gérer les zones humides en faveur de la biodiversité et la qualité paysagère.
- Préserver et réhabiliter les zones humides situées dans des perspectives paysagères d’ensemble.

Quant aux espaces cultivés ou pâturés de fond de vallées, ils composent d’inestimables espaces de respiration, en même temps que des milieux écologiques qui participent à la richesse biologique du paysage, notamment lorsqu’il s’agit de prairies et pâtures.

Or ces ouvertures ont eu tendance à disparaître avec la pression de l’urbanisation et l’abandon de pratiques agricoles liées à l’élevage ou aux cultures sur petites parcelles. Aussi des actions de gestion sont-elles menées aujourd’hui par le PNR et les collectivités, qui expliquent par endroits la présence dans le paysage de vaches rustiques au poil long caractéristique : les Highland-Cattle.

Des plateaux agricoles en clairières, aux horizons forestiers omniprésents et remarquables

Perché au-dessus des vallées, le plateau d’Yveline se décline ici au pluriel. Il est éclaté en effet en plusieurs morceaux par les entailles de l’Yvette et de ses affluents, auxquelles s’ajoutent par endroits des bois et forêts : plateau du Perray-en-Yvelines (les Bréviaires), de Vieille-Eglise-en-Yvelines, des Essarts-le-Roi, des Cinq Cents Arpents, de Lévis-Saint-Nom, du Mesnil-Saint-Denis, de Magny-les-Hameaux, auxquels s’ajoutent les plateaux de Saclay et de Limours.

Chacun, parfaitement tiré à l’horizontale, est agricole, occupé par les grandes cultures, et s’enrichit parfois d’élevages de chevaux. De belles fermes isolées commandent l’espace, soulignant la sobriété d’un paysage qui paraît, pour les plateaux épargnés par l’urbanisation, bien loin de l’agglomération parisienne. La richesse remarquable des terres du Hurepoix a été révélée au XVIIème siècle, grâce à la mis en place d’un drainage superficiel, destiné à capter les eaux au profit des jardins du château de Versailles.

L’originalité des plateaux autour de Chevreuse vient de leur échelle mesurée, mais aussi et surtout de leurs lisières forestières. L’omniprésence des horizons forestiers, qu’ils soient liés aux vallées, à la forêt de Rambouillet ou à des bois plus modestes, fait en effet de chaque plateau une clairière, composant un paysage original à l’échelle de la région Ile-de-France (où s’affichent plus souvent des étendues cultivées radicalement vastes et ouvertes, marquées en outre par la présence de fronts bâtis importants). Ces lisières forestières sont d’autant plus précieuses lorsque leurs découpes sont complexes.

Les lisières maintiennent un aspect rural au paysage agricole, alors même que, juste derrière le linéaire boisé, s’étend par endroits l’immense nappe urbaine de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Elles créent ainsi un trompe-l’œil et un contraste d’ambiances remarquables, qui contribuent, comme les vallées, à l’attractivité du cadre de vie de la ville nouvelle. C’est le cas, en particulier, du linéaire forestier de la Mérantaise, qui maintient invisible Voisins-le-Bretonneux depuis le plateau agricole de Magny-les-Hameaux ; de la subtile lisière composée du Mesnil-Saint-Denis, en transition avec Henriville ; du petit bois aux confins du plateau de Lévis-Saint-Nom, qui rend discrète la zone industrielle des Marais à Coignières. Même le plateau de Saclay préserve en partie ses horizons yvelinois par les aménagements paysagers du golf et du Centre d’études et de recherche automobile.

Les argiles à meulières, sous-jacentes aux limons en général peu épais, rendent les plateaux de l’Hurepoix relativement imperméables et sujets à l’engorgement. Ainsi, les cultures ont souvent été rendues possibles grâce au drainage. Les rigoles du plateau de Saclay ont un caractère historique. Malgré la discrétion du réseau qu’elles forment dans le paysage, ce réseau hydrographique constitué de fossés et de mares, recèle parfois des milieux très intéressants en termes de faune et de flore.

- Préserver la sobriété des paysages agricoles des plateaux du Hurepoix et la richesse des terres.
- Enterrer les réseaux aériens très visibles dans ces paysages ouverts .
- Maintenir voir renforcer les horizons forestiers des plateaux.
- Enrichir et restaurer les fonctions écologiques des lisières.

Dampierre, Vaux de Cernay, Port-Royal,… : Un exceptionnel patrimoine architectural et paysager

A proche distance de Paris, de Versailles et de la forêt de Rambouillet, les vallées et plateaux de Chevreuse ont été attractifs pour l’implantation de sites de villégiature remarquables : certains ont choisi les rebords de plateau, comme le château de Breteuil qui domine magnifiquement la vallée creusée par le ruisseau d’Ecosse-Bouton ; d’autres comme Dampierre dans le ru des Vaux-de-Cernay, ont préféré les fonds de vallée pour jouer avec l’eau.

Avant même cet attrait pour la villégiature, l’escarpement des vallées a constitué des sites défensifs que rappelle le château de la Madeleine, trônant au-dessus de Chevreuse, et dominant magnifiquement la vallée de l’Yvette. Il est aujourd’hui le vestige du Moyen-Age le mieux conservé des Yvelines et abrite les services du Parc naturel régional.

L’isolement offert par ces vallées a favorisé l’implantation de l’abbaye des Vaux-de-Cernay, rattachée en 1147 à l’ordre des Cisterciens. Elle montre aujourd’hui ses ruines dans le site remarquable de la vallée du ru des Vaux-de-Cernay. Ce vallon étroit, par endroits marécageux, laisse apparaître de gros blocs de grès qui font bouillonner l’eau des cascatelles : ce sont les « bouillons de Cernay ». Les pentes escarpées sont également rocheuses et arborées et l’ensemble compose un site pittoresque et biologiquement riche . La renommée du site est venue au XIXe siècle par l’école de Cernay. Admirateurs de Corot, les peintres Achard, Français, Champin, Lansyer, Pelouse, …, trouvèrent autour de Cernay et Senlisse des motifs d’inspiration, au point d’égaler en notoriété l’école de Barbizon et d’être primés aux Salons de l’académie des Beaux-arts ou aux expositions universelles. Aujourd’hui la renommée nationale du site des Vaux de Cernay le soumet à une intense fréquentation touristique (VTT, promeneurs) notamment pendant les week- ends.

- Mettre en valeur l’héritage artistique des peintres de l’Ecole de Cernay par des évocations in situ des peintures et des parcours thématiques.

Le paisible site de l’abbaye de Port Royal, nichée dans la vallée du Rhodon depuis sa fondation en 1204, ne laisse rien paraître de la violence perpétrée à l’encontre des Jansénistes par Louis XIV, qui a conduit au bannissement des Solitaires, à la dispersion des religieuses et à la destruction de l’abbaye en 1711. Les écrits de Port-Royal sont néanmoins restés, inspirant philosophes et politiques jusqu’à nos jours. Longtemps séparés en propriétés distinctes, le site des Granges de Port-Royal et celui de l’abbaye sont désormais réunifiés depuis 2004. Le Groupement d’intérêt public (GIP) créé entre l’Etat, les collectivités territoriales et la Société de Port-Royal permet d’engager la remise en valeur du site.

- Favoriser la découverte du site de l’abbaye de Port-Royal par une desserte véhicule bien intégrée et bien organisée, et par des parcours culturels.

L’attractivité du cadre de vie offert par les vallées et plateaux de l’Yvette, au sein du Parc naturel régional, a permis la restauration soignée du patrimoine bâti des villes et des villages, qui présentent aujourd’hui des centres-bourgs vivants.

- Conforter l’attractivité des centres-bourg du Perray-en-Yvelines et des Essarts -le-Roi.
- Améliorer les circulations douces au sein des communes.
- Valoriser la présence de l’eau dans les villes et villages.

L’architecture traditionnelle, soigneusement restaurée, exprime la présence de la meulière dans le sous-sol. Elle émaille les façades des maisons de villages, enduites à pierres vues ou en rocaillage.

Le discret héritage historique des plateaux

Les vallées, avec leur caractère pittoresque préservé en écrin, ainsi que la diversité de leurs milieux, cristallisent le patrimoine culturel et naturel. Mais les plateaux portent également les traces de l’histoire, discrètes mais tenaces.

Les plus connues sont celles liées à la gestion de l’eau, captée et transportée sous Louis XIV et l’autorité de Vauban pour alimenter en eau les jardins de Versailles. Elles ont donné des étangs et des rigoles, coupés de Versailles en 1977 avec la création de la ville nouvelle, mais qui marquent toujours le paysage et servent de supports à des parcours de randonnées pédestres, comme celui de « la rivière du Roi Soleil » proposé par le Parc naturel régional. Voir aussi les actions menées par le SMAGER (Syndicat Mixte d’Aménagement et de Gestion des Etangs et Rigoles)

De façon plus marquante que l’eau, c’est le paysage agricole de ces plateaux lui-même qui est redevable des travaux menés pour les jardins de Versailles : la collecte des eaux stagnantes du plateau yvelinois a en effet assaini des terres marécageuses et les a rendues cultivables. Quelques mares isolées rappellent encore la nature humide des horizons superficiels. La carte d’Etat-Major au 1/40 000e du XIXe siècle montre un plateau de Limours criblé de mares, aujourd’hui presque toutes disparues avec les progrès agricoles. Avec les fossés, elles permettaient d’assécher l’horizon superficiel des sols et de les mettre en cultures.

Sur le plateau de Vieille-Eglise, les vieux chemins rectilignes témoignent de l’importance de la chasse. La carte de Cassini indique leur existence au XVIIIe siècle.

Autour des Bréviaires (plateau du Perray-en-Yvelines), de nombreux bois étirés en longueur, sont les restes d’un parcellaire de vergers beaucoup plus fin qu’aujourd’hui, découpé en lanières de plus en plus étroites au fil des héritages successifs. Dans les bois du plateau, le sol porte par endroits les traces de l’exploitation de la meulière qui, avec le grès, a contribué à l’activité des villages de carriers comme Cernay-la-Ville.

- Préserver et mettre en valeur les traces historiques des plateaux.
- Souligner leur présence par des plantations naturelles en s’inscrivant dans une logique globale de trame verte et bleue.
- Redonner une place aux arbres fruitiers et aux vergers autour des villages et dans les jardins.

Une urbanisation plutôt discrète en vallée, plutôt en marge sur les plateaux.

La forte pression de l’urbanisation liée à la proximité de Paris a gagné les abords immédiats des vallées et plateaux de Chevreuse : le plateau de Saint-Quentin-en Yvelines et la vallée de l’Yvette en remontant de Palaiseau. Toutefois les classements de sites de la Vallée de Chevreuse et de ses affluents, et la création du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse, ont contribué à une préservation assez remarquable des espaces agricoles et forestiers. Elle a été facilitée par une assez faible desserte en transports en commun, qui s’arrêtent aux portes du secteur : le Transilien et le RER C sur le plateau (les Essarts-le-Roi, le Perray-en-Yvelines), le RER B à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Les projets de transports liés au SDRIF et au Grand Paris (métro automatique) pourraient faire évoluer cet état de fait et accentuer la pression sur le secteur.

Dans les vallées, l’urbanisation originelle en villages-rues s’est à la fois allongée et épaissie autour de Chevreuse/Saint-Rémy-lès-Chevreuse. La force des coteaux boisés a tenu l’urbanisation en contrebas et compose des horizons boisés protecteurs qui concourent encore aujourd’hui à la qualité des sites bâtis. Ailleurs les villages sont restés modestes.

Dans les Yvelines, ce n’est que ponctuellement, lorsque l’urbanisation a grimpé les pentes, que les sites bâtis des vallées ont été réellement fragilisés en étant remis en cause (la côte de Rhodon). Plus à l’aval dans l’Essonne, l’Yvette prend une image nettement plus urbanisée par l’urbanisation d’une partie de ses pentes hautes et rebords.

- Préserver les coteaux et rebords boisés des vallées de l’urbanisation.
- Protéger les espaces de respiration entre les villages et le long de la RN10 entre Coignières et Rambouillet.

Sur les plateaux, ce sont surtout les villes des Essarts-le-Roi et du Perray-en-Yvelines qui ont grossi au cours des dernières décennies. La première, originellement à distance de la RN 10, n’a jamais franchi la Nationale et la ligne ferroviaire ouverte en 1849. La seconde, sur la RN 10, a grossi de part et d’autre jusqu’à bénéficier d’un contournement en 1976. Les espaces de respiration autour de la route sont devenus précieux et fragiles.

En dehors des abords de la RN10 et de la voie ferrée, les bourgs des plateaux se sont volontiers installés sur les rebords, dans une position confortable d’appui sur les limites boisées.

Ils offrent ainsi d’intéressants contrastes entre leurs faces plateaux et leurs faces vallées, qui enrichissent le cadre de vie : c’est le cas par exemple de Cernay-la-Ville, de Châteaufort, d’Auffargis, mais aussi des Bordes (la Celle-les-Bordes), de Longchêne (Bullion), de la Ferté et d’Herbouvilliers (Choisel), de Magny-Village. Quelques hameaux et villages se sont développés dans les étendues même des plateaux du Mesnil-Saint-Denis (Rodon, la Brosse, le Mesnil Sevin), de Magny-les-Hameaux (Romainville, Villeneuve), et de Saclay (Toussus-le-Noble), souvent à partir de fermes originelles.

Quant à l’urbanisation du plateau de Magny-les-Hameaux à Cressely, seule urbanisation récente massive des plateaux de Chevreuse, elle est antérieure à la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, comme en témoigne la photographie aérienne de 1957, qui la fait déjà apparaître en cours de développement.

Ces extensions récentes sur plateaux offrent des images de quartiers plutôt banals, faits de voies de dessertes de lotissement bordées de haies de persistants.

- Revaloriser les espaces publics des quartiers au paysage ordinaire.
- Sensibiliser et encourager à la plantation d’essences locales et de d’essences fleuries en limite d’espaces publics.

Une fréquentation intensive des espaces, favorisée par le réseau dense de chemins de découverte

L’attractivité offerte par la succession de vallées et de plateaux, la richesse patrimoniale du secteur et l’existence du Parc naturel régional (PNR) ont favorisé le maillage d’un réseau dense de chemins : aux GR et PR, s’ajoute le réseau de circuits pédestres « PNR », de petite taille et indépendants les uns des autres, créés et balisés par le parc. Souvent à thème, ils permettent de découvrir des aspects secrets de la faune, de la flore, du bâti vernaculaire et de l’histoire. Ainsi par exemple, dans le vallon du Rhodon, le chemin Jean Racine, jalonné de bornes gravées de vers que les lieux inspirèrent au poète, conduit à Port-Royal, où il fut enterré.

- Compléter le réseau des chemins de randonnées par des pistes cyclables entre les villes et villages et la forêt de Rambouillet, à travers les vallées et plateaux de Chevreuse.

Quelques routes paysage

Au maillage dense des villages de plateaux et de vallées répond le réseau dense des routes pour les desservir. Il s’organise en un maillage assez régulier, constitué d’axes transversaux qui coupent les vallées et d’axes longitudinaux qui suivent les plateaux dans la direction armoricaine. Leurs tracés soulignent les contrastes du paysage, avec les lignes droites offertes sur les plateaux, et les rampes et virages des versants et fonds de vallées. Dans ces descentes, et le long des vallées, les dégagements visuels restent rares. Quelques précieuses séquences de routes permettent néanmoins des aperçus remarquables sur les étendues des vallées, déroulées en longues perspectives : la RD 46 dans la vallée du Rhodon vers Milon-la-Chapelle, la petite route du château de la Boissière Beauchamp (chemin du Marchais, ru du Pommeret), la RD 58 en entrée ouest de Chevreuse, etc.

- Encourager la plantations d’alignements d’arbres dans les traversées des plateaux.
- Repérer et conserver les ouvertures visuelles offertes depuis les routes.
- Mettre en valeur quelques points de vue.

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