01 - La forêt de Rambouillet
Je suis marcheuse, et dans le massif forestier de la Forêt de Rambouillet, il y a quelque chose qui se passe. C’est avant tout une expérience physique forte d’aller en forêt. Il y a les odeurs, la terre, une certaine lumière… Il m’est arrivé d’aller faire une marche de nuit en forêt à l’automne en période de brame. J’ai découvert une nouvelle dimension. Il y a encore un nouveau territoire à explorer.
Stéphanie MEURGERJe suis très sensible aux paysages de mon coin, ainsi, comme ramasseur de champignons, qu’à la forêt de Rambouillet. Une forêt, quelque part, quand on est dedans, ce n’est pas beau. Il n’y a pas d’horizon. Il y a quelques trouées mais… sans relief, il n’y a pas de point de vue. On voit des espèces, quelques beaux sujets, mais la forêt est belle dans ses lisières, et c’est pour ça qu’il faut les protéger.
Jean-Marie TÉTARTCe qui est très beau, ce sont les vestiges des landes à bruyères très sèches qu’on va trouver sur les plateaux sableux et gréseux de certains coins de la forêt d’Yvelines ; ils nous font partir sur un paysage quasiment paléolithique, qui nous emmène très loin, et qui rentre en contraste avec ces grandes plaines céréalières du plateau.
Alain FREYTET
Résumé
La forêt de Rambouillet, la plus vaste des Yvelines avec 25 000 ha, constitue une unité paysagère allongée sur 35 km dans la direction armoricaine. Elle marque ainsi la limite paysagère sud-ouest de la région Île-de-France. La diversité de ses ambiances forestières est liée à plusieurs facteurs : la mosaïque de ses sols, la variété de ses reliefs composés de plateaux, versants et vallées ; la complexité de son réseau hydrographique naturel et construit ; l’héritage de ses tracés et perspectives ; la présence de parcs et de châteaux, dont celui de Rambouillet ; la qualité des sites bâtis, des formes urbaines et de l’architecture des villes et des villages ; la nature mixte, domaniale et privée, de son foncier.
Globalement, trois types de paysages forestiers se distinguent : les chênaies, les pinèdes et les forêts humides. Chacun présente des faciès variés en fonction des stations. A cette typologie s’ajoutent de nombreuses formations végétales et particularités situationnelles qui enrichissent la palette paysagère et écologique de la forêt : landes sèches et landes humides, tourbières, mares, étangs, clairières, chaos rocheux, etc.
Enfin la présence des animaux contribue à l’attractivité de la forêt. Elle est présentée dans des parcs animaliers.
De fait, le massif de Rambouillet représente l’un des plus importants réservoirs de biodiversité des Yvelines.
Cet attrait se traduit aujourd’hui par une fréquentation de 11 millions de visiteurs chaque année selon une étude du CREDOC réalisée en 2007 (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) . Les modes de gestion ont ainsi progressivement évolué au cours des dernières décennies, vers une gestion moins sylvicole et davantage écologique et paysagère.
Situation
La forêt de Rambouillet est un reste de l’immense forêt d’Yveline qui s’étendait à l’ouest et au sud de Paris avant les défrichements du Moyen-Age. Allongée sur 35 km de longueur, de Orgerus/Behoust au nord à Rochefort-en-Yvelines au sud, elle prend la direction armoricaine et forme ainsi la limite naturelle sud-ouest de toute l’Ile-de-France. Elle constitue un maillon d’une vaste continuité biologique qui la relie à la forêt de Fontainebleau à travers les bois et les vallées du département voisin de l’Essonne. Avec de grandes parcelles d’espace naturel continues, ce corridor joue un rôle important entre autre pour le déplacement des grands mammifères. Cette position et ce rôle de frontière naturelle à l’échelle régionale se lisent bien lorsqu’on traverse le massif dans sa largeur par la RN 10 : d’un côté un long continuum urbanisé en provenance de Paris, qui ne s’achève véritablement qu’au Perray-en-Yvelines ; de l’autre la brusque ouverture sur la Beauce et ses vastes étendues cultivées : en traversant la forêt, on a bien changé de monde. Au cœur du massif, sur cet axe, la ville de Rambouillet joue son rôle de sas, ou de ville-porte.
Une bonne part de la forêt est protégée par le Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Le relief naturel formé de la succession de plateaux et vallées dans le Hurepoix, autour des vallées de l’Yvette, de la Rémarde et de l’Orge, a contenu la pression de l’agglomération parisienne au nord-est du massif forestier et lui permet aujourd’hui de bénéficier sur toutes ses faces de lisières agro-forestières, qui contribuent à sa qualité paysagère et à sa richesse biologique.
La limite sud-ouest du massif de Rambouillet présente deux visages distincts : progressive et vallonnée à l’ouest de Rambouillet, avec les affluents de l’Eure toute proche (unité de paysage « les vallonnements de la Drouette et de la Maltorne ») ; nette et plane au sud, avec la Beauce qui s’amorce (unité de paysage « le plateau d’Ablis »).
Dans sa pointe nord, la forêt de Rambouillet coiffe les reliefs découpés qui dominent les plaines et les plateaux agricoles en contrebas, formant leur horizon : plaine de Houdan, plateaux du Mantois et plaine de Neauphle.
Au sud, l’autoroute A10, qui correspond peu ou prou aux limites départementales, forme la limite physique, sonore et psychologique de la forêt de Rambouillet. Ce sont les forêts domaniales de Dourdan et d’Angervilliers, de part et d’autre de la Rémarde, qui prennent le relais du continuum boisé plus fractionné s’amorçant dans le département de l’Essonne
Au total, la forêt de Rambouillet, telle qu’elle a été classée en forêt de protection en 2009, couvre 25 300 ha.
Unités de paysage locales
Le massif de Saint-Léger-en-Yvelines et des Quatre Piliers (nord de la Vesgre)
Le massif de Rambouillet (ouest et nord de Rambouillet)
La forêt d’Yveline (est de Rambouillet)
La clairière de Grosrouvre (la Mormaire)
La clairière de Gambaiseuil (ruisseau des Ponts Quentin)
La vallée des ruisseaux des Ponts Quentin et de l’Etang Neuf
Les étangs de Hollande
La clairière de Saint-Léger-en-Yvelines (la Vesgre)
La vallée de la Vesgre
La vallée de la Maltorne
La clairière de Poigny-la-Forêt (la Guesle)
La vallée de la Guesle
Le vallon du Coupe-Gorge
Le parc du château de Rambouillet (la Guéville)
La ville de Rambouillet
Le val de Clairefontaine (la Rabette)
La vallée de la Rabette
La clairière de la Celle-les-Bordes (ruisseau de la Celle)
La clairière de Bullion (ruisseau de la Celle)
La vallée de l’Aulne
La clairière de Bonnelles (la Gloriette)
La vallée de la Gloriette
La clairière de Rochefort-en-Yvelines (la Rémarde)
La clairière de Longvilliers (la Rémarde)
La clairière de Saint-Arnoult-en-Yvelines (la Rémarde)
La vallée de la Rémarde
La clairière de Sainte-Mesme
La vallée de la Gironde
La vallée de l’Orge
Caractéristiques paysagères, repérage d’enjeux
Une unité… diverse
Au sein de la forêt de Rambouillet, la diversité des ambiances est étonnante. Elle peut s’opérer très rapidement dans l’espace, dans des contrastes réjouissants qui font passer en quelques pas de la forêt sablonneuse et sèche de pins et de bruyères à la forêt humide d’aulnes et de bouleaux. Ce patchwork d’ambiances empêche d’identifier des unités de paysage homogènes à l’échelle d’un atlas de paysage départemental. On a eu coutume de distinguer les paysages de la forêt de Saint-Léger au nord, de la forêt de Rambouillet au centre et de la forêt d’Yveline au sud. Mais en réalité, outre l’impossibilité de tracer un trait convaincant qui les distinguerait spatialement, chacun de ces morceaux de forêts propose des caractéristiques paysagères qui sont communes, et qui concourent à l’unité du massif dans son ensemble. Ce sont simplement les proportions, ou les rythmes de successions des ambiances, qui peuvent varier d’un bout à l’autre du massif.
La forêt de Rambouillet constitue plutôt une entité paysagère unique, bien tenue par la présence dominante du couvert forestier, mais à l’intérieur de laquelle se succèdent des ambiances multiples à une échelle fine, souvent inférieure à celle de la parcelle forestière. Cette diversité du paysage forestier rambolitain est liée à plusieurs raisons dont il est important de prendre conscience.
- Inventorier et diagnostiquer finement les paysages forestiers de la forêt de Rambouillet.
- Intégrer les paysages et les ambiances forestières dans les plans d’aménagement forestiers.
- Envisager une valorisation des paysages à travers des parcours et des aménagements en forêt.
Une mosaïque géologique et pédologique
La variété de l’assise géologique et des sols explique largement celle des faciès forestiers : elle est elle-même liée à la topographie, entre plateau, pentes et fonds de vallées.
Sur le plateau d’Yveline, se rencontrent par endroits des sols peu épais provenant de "formations éoliennes" : limons des plateaux et sables soufflés. Ils offrent quelques stations favorables de chênaie-charmaie ou de pins à grand développement.
Plus souvent, le plateau est essentiellement formé d’argiles à meulière : les sols hydromorphes, lourds, faiblement perméables, sont plutôt occupés par les chênaies.
Les pentes du plateau, attaquées par les eaux des rivières naissantes, laissent apparaître en surface la nappe des sables de Fontainebleau. Les pentes amont, drainantes, sont volontiers occupées par les pins, les landes sèches à bruyères, composant des paysages remarquables lorsque des blocs de grès sont mis au jour par l’érosion.
A l’aval, elles redeviennent humides en s’aplanissant, le sable étant posé sur une couche de marne imperméable, ou recouvert de colluvions et d’alluvions. Ces stations de fond de vallées sont naturellement diverses en essences, variant de la chênaie-charmaie à l’aulnaie.
- Poursuivre l’adaptation de la sylviculture à la réalité pédologique par le choix des essences et la conduite des peuplements.
- Expérimenter la gestion par futaie irrégulière.
- Diversifier les plantations et les peuplements.
Une étendue forestière sur différents reliefs
La richesse paysagère de Rambouillet est en partie liée à l’étendue de la forêt sur différents reliefs. A l’ouest et au sud elle "déborde" du plateau, descend les pentes et s’avance dans les vallées et vallonnements affluents de l’Eure. En effet, les sols des pentes et des fonds de vallées (sables de Fontainebleau), ne sont pas plus favorables aux cultures que les argiles à meulière du plateau ; ils sont donc aussi occupés par la forêt ; inversement les sols des plateaux, lorsqu’ils sont composés de limons humides sur argiles, s’avèrent favorables aux cultures pour peu qu’ils soient drainés : c’est ce qui explique la présence des grandes cultures sur les plateaux du Hurepoix, qui prennent le relais de la forêt au nord du massif et sur une partie du plateau de Beauce au sud.
Ce décalage est un puissant facteur de diversification du paysage forestier : la forêt apparaît accidentée, couvrant non seulement une partie du plateau, mais aussi des pentes et des fonds de vallées, qui renouvellent la découverte du massif, multiplient les effets de surprise et diversifient les milieux et les ambiances.
- Repérer les points de vue dominants sur la forêt et en ouvrir d’autres.
- Appliquer une gestion pérenne de la végétation autour de ces points de vue afin de les maintenir.
Un paysage de l’eau riche et complexe
La forêt de Rambouillet, développée sur le plateau d’Yveline, constitue naturellement un "château d’eau", qui alimente l’Eure à l’ouest, la Mauldre et la Vaucouleurs au nord, et l’Essonne à l’est. Au total, une douzaine de cours d’eau affouillent le plateau et façonnent ses pentes découpées. Le festonnage est complexifié par la direction armoricaine : les cours d’eau ne s’y soumettent qu’imparfaitement, prenant aussi des directions perpendiculaires, ce qui complique leur parcours et enrichit les paysages des vallonnements. Aux cours d’eau s’ajoutent les zones humides, qui prennent des formes diverses : forêts humides, landes, tourbières, prairies tourbeuses, mares, étangs… Tous ces milieux constituent dans la plupart des cas des habitats naturels à très forte valeur patrimoniale.
L’eau a aussi été largement façonnée par les hommes au cours de l’histoire, aménagée sous forme de mares, d’étangs, de rigoles et de fossés, dont la plupart ont pris avec le temps une valeur écologique et paysagère reconnue. Le plus connu et remarquable de ces aménagements est celui des étangs de Hollande, allongés dans la direction armoricaine, creusés sous Louis XIV pour stocker et acheminer l’eau jusqu’aux jardins du château de Versailles. Ces étangs recèlent également des habitats naturels de grèves exondées recelant une flore exceptionnelle.
Au total, la richesse biologique des zones humides de Rambouillet fait une grande part de sa valeur écologique, mais aussi de son attractivité paysagère.
- Informer le public de la valeur exceptionnelle du patrimoine lié à l’eau.
- Créer un parcours pédagogique des eaux de Versailles en forêt de Rambouillet.
- Concilier la gestion hydraulique des étangs avec la dynamique des habitats naturels et avec les fonctions de loisirs.
Une forêt façonnée au cours de l’histoire, riche de tracés et de perspectives
Rambouillet, forêt royale puis présidentielle, a été aménagée pour la chasse à courre. Cet aménagement se lit aujourd’hui à la densité des sommières, layons, allées et routes, tracés au cordeau. Ils se croisent pour former des carrefours en étoiles, et établissent une trame orthogonale qui reprend la direction armoricaine. Ce réseau s’est établi progressivement depuis Henri IV jusqu’à Louis XIV. Il offre aujourd’hui des perspectives majestueuses, qui dépassent, pour les plus longues, les sept kilomètres. Ce jeu de perspectives associe la forêt aux routes et aux villes, dans des continuités visuelles par endroits remarquables.
- Identifier et préserver les perspectives reliant la forêt aux routes, aux villages, aux villes et aux monuments.
- Mettre en valeur le patrimoine historique forestier : tracés, carrefours, édicules, points de repères, bornes, signalisation ancienne…
De grandes unités naturelles sillonnées par des infrastructures
Le massif de Rambouillet présente de grandes parcelles d’habitats naturels continues offrant l’un des plus vastes réservoirs biologiques de l’Île-de-France. Grâce à la variété de ses milieux et de ses paysages, il héberge une forte biodiversité. Son axe longitudinal, permettant les transits vers l’ouest en provenance du massif de Fontainebleau, est identifié comme un corridor écologique majeur dans le Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE). Toutefois, un certain nombre d’infrastructures importantes (RN10, RN12) ont tendance à le fragmenter, diminuant sa perméabilité. L’interface entre ces infrastructures et les milieux forestiers constitue souvent des zones de « friction » nécessitant d’être revues en termes écologique .
- Résorber les points de rupture des corridors biologiques identifiés dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique.
- Traiter les lisières des infrastructures pour la préservation de la faune.
- Garantir depuis les infrastructures un champ visuel sur la qualité des ambiances forestières.
Un parc vaste et prestigieux pour Rambouillet
La forêt de Rambouillet est depuis longtemps considérée comme un cadre de villégiature privilégié, notamment pour la chasse. On y trouve une trentaine de châteaux, souvent discrets. Le plus célèbre d’entre eux est celui de Rambouillet, en bordure de la ville, flanqué d’un parc de 100 ha développé dans la forêt autour du ruisseau de la Guéville.
C’est au cours du XVIIIe siècle que les jardins sont aménagés successivement par Fleuriau d’Armenonville, par le comte de Toulouse, par son fils le duc de Penthièvre et enfin par Louis XVI qui en fait l’acquisition en 1783, mettant en scène l’eau sous forme de pièces d’eau, canaux et rivières.
Au château, maintes fois remanié, notamment au XIXe siècle - ce qui lui donne un aspect final peu harmonieux -, s’ajoutent d’autres constructions célèbres dans le parc : la Bergerie Nationale de Rambouillet, ferme expérimentale construite par Louis XVI, la laiterie de la Reine, folie de Louis XVI pour sa femme Marie-Antoinette, et d’autres constructions plus modestes caractéristiques de l’art des jardins du XVIIIe siècle comme la grotte des amants, la chaumière aux coquillages, ou l’ermitage…
Des clairières agricoles
Une douzaine de clairières agricoles interrompent le manteau forestier de Rambouillet. Elles sont souvent développées autour des villages et des villes de la forêt : Grosrouvre, Gambaiseuil, Saint-Léger-en-Yvelines, Poigny-la-Forêt, la Celle-les-Bordes, Bullion, Bonnelles, Rochefort-en-Yvelines, Clairefontaine, Saint-Arnoult-en-Yvelines, Sainte-Mesme.
Ces clairières contrastent radicalement avec la forêt et contribuent à faire du massif de Rambouillet un monde complexe et riche, fait d’ombre et de lumière, de nature « sauvage » et de nature « peignée ».
- Préserver les espaces agricoles intraforestiers.
- Aménager et gérer les lisières entre forêt et champs.
Des villages et des villes à caractère patrimonial
Avec la facilité de la desserte offerte par la voiture (RN 12 au nord, RN10 au centre et A10 au sud), le massif de Rambouillet est devenu un cadre prisé pour l’habitat permanent, qui a pris le relais de la villégiature. Il faut dire que les sites bâtis que forment chacun des villages s’organisent presque tous en clairières délicates et précieuses, serties de forêts, ouvertes autour du bourg à la faveur d’une petite vallée creusée par un ruisseau.
Selon la vigueur du relief, les bourgs composent un site plus ou moins marquant, le plus spectaculaire étant celui de Rochefort-en-Yvelines, dont l’église perchée ouvre des vues forestières lointaines et dominantes remarquables. Aujourd’hui les villages et les villes offrent un visage soigné, où l’habitat traditionnel a été soigneusement restauré.
Les volumes bâtis sont simples, avec leur toiture à deux pentes, plutôt raides, coiffés de tuiles plates brunes.
L’agencement savant et la qualité des matériaux de ces volumes simples composent de beaux paysages urbains, souvent déroulés en villages-rues, mais également animés par la topographie de la vallée sur laquelle se greffe le bourg, qui oblige à des décrochés successifs.
- Limiter les haies et clôtures opaques des quartiers récents qui affaiblissent la valeur paysagère des clairières.
- Poursuivre le renforcement de l’attractivité des centres-bourgs par la qualité des espaces public et leur confort au bénéfice des piétons et vélos.
La trame bâtie apparaît au final précisément organisée par le jeu des faîtages de toiture parallèles et perpendiculaires à la rue principale.
- Organiser les extensions urbaines dans "l’esprit village".
- Harmoniser couleur et matériaux avec le centre du bourg.
Une forêt à la fois domaniale (État) et privée
Le massif de Rambouillet classé en forêt de protection est à la fois domanial c’est à dire propriété publique de l’État (14 000 ha, soit 55%) et privé (11 000 ha, soit 42%). Cette différence de statut explique pour une moindre part la diversité du paysage de la forêt : plus de conifères en forêt publique, plus de taillis en forêt privée. Des clôtures peuvent également apparaître en forêt privée.
Trois grands types de paysages forestiers
Globalement, on peut distinguer trois grands types de paysages forestiers : la chênaie, la pinède et la forêt humide à aulne, frêne et bouleau.
Les paysages de chênaies
La chênaie qui domine en superficie, en couvre les deux tiers du massif. Le mélange futaie et taillis, le plus souvent rencontré, est hérité des anciens taillis-sous-futaie, progressivement convertis, depuis la seconde guerre mondiale, en futaie régulière, avec, en forêt domaniale, des arbres de même classe d’âge sur l’ensemble de la parcelle, soit 20 à 30 ha. Mais ces paysages de chênaies prennent des aspects différents selon les stations forestières : sur les stations de chênaie-charmaie, les plus riches, le chêne sessile peut former de hautes forêts élancées ; sur les sols très acides, il est moins haut et bas branchu. Le chêne pédonculé, lui, en mélange avec le chêne sessile, est trapu sur les sols à pseudogleys. C’est surtout le cortège floristique du sous-bois qui fait varier le paysage de la chênaie : ici c’est la fougère aigle qui tapisse le sous-bois, vert tendre au printemps/été et rousse en automne/hiver ; là c’est plutôt la bruyère qui s’impose, avec ses floraisons mauves ; et juste à côté, en condition humide, c’est la molinie qui compose une nappe jaune paille aisément reconnaissable en hiver. L’extension de ces ourlets en nappe, surtout pour la fougère grand Aigle, signe la trace de pratiques sylvicoles avec des coupes entraînant des mises en lumière importantes. Aux chênes indigènes s’ajoute par endroits le chêne rouge d’Amérique, planté dans les années 1980 comme essence relais dans les sols les moins fertiles.
Les autres essences sont nettement plus rares : le hêtre (1,7% des surfaces) se rencontre en individus isolés, souvent de grosses dimensions, mélangé aux hêtres ; il fait aussi le sous-étage des chênaies dans les stations riches à limon du nord-ouest de la forêt. Le châtaignier (2,3% des surfaces) se rencontre sur certaines parcelles, composant le taillis des taillis-sous-futaies pauvres en réserves de chênes, voire des futaies sur souche là où manquent les réserves de chênes.
- Encourager la présence du hêtre dans les stations favorables en mélange avec le chêne.
- Expérimenter la diversification des essences avec le merisier et l’alisier.
- Expérimenter la futaie irrégulière qui diversifie la forêt à l’échelle de la parcelle, par paquet ( autour de 3 ha) ou par bouquet (autour de 50 ares).
- Exploiter le taillis sous-futaie et le taillis dans le cadre d’un développent du bois énergie.
Les paysages de pinèdes
Les pinèdes couvrent 20% de la forêt, surtout en forêt domaniale et notamment dans la partie nord-ouest du massif. Elles composent, lorsqu’elles sont adultes, d’élégants peuplements forestiers aérés.
Couplées aux sols sableux (sables de Fontainebleau et plus rarement sables de Lozère) et aux landes à bruyères, elles évoquent pour certains les paysages forestiers du littoral atlantique. En fait, elles ne sont pas composées de pins maritimes comme sur le littoral, mais de pins sylvestres et de pins laricio. Les premiers se reconnaissent facilement à l’élégante couleur orangée de leur tronc dans sa partie supérieure, qui contribue à égayer la forêt ; les seconds à leur tronc gris clair et rectiligne. Ils ont été plantés au XIXe siècle et après la seconde guerre mondiale, dans les stations les plus pauvres où les feuillus venaient mal, et dans les parcelles incendiées. Comme pour le chêne, les forêts de pins prennent un aspect varié : elles sont hautes et élancées sur les sols filtrants et viennent moins bien sur sols humides.
Ce sont surtout ces pinèdes qui ont souffert de la tempête de 1999, mises à bas sur des centaines d’hectares. Leur régénération est plus difficile sur sols humides, où le chêne tend spontanément à reprendre sa place.
Les paysages de forêts humides
Sur les sols les plus humides, notamment en fond de vallées, les chênes et les pins cèdent la place aux aulnes, mélangés aux frênes et aux bouleaux, et, sur les lisières ou en bord de cours d’eau, aux saules. Ils offrent de riches et subtiles tonalités, notamment en hiver. Ces habitats de forêt humide voire de tourbière boisée sont d’une grande valeur écologique.
De nombreux milieux et sites naturels contribuant à la diversité des paysages forestiers
Aux trois grands types de paysages forestiers décrits, s’ajoutent de multiples milieux plus ou moins ponctuels qui, sans être de la forêt stricto sensu, contribuent à composer le paysage de Rambouillet dans toute sa précieuse diversité . Par leur effet de lisière, ces espaces ouverts enrichissent la mosaïque forestière permettant une diversification des habitats favorables à la faune.
Les landes sèches atlantiques tempérées, tapissées de bruyères caractéristiques de ces milieux : bruyère cendrée (Erica cinerea) et Callune (Calluna vulgaris) : elles offrent de précieuses et rares ouvertures en forêt, d’aspect naturel et sauvage ; Ces paysages témoignent également de l’influence biogéographique « atlantique » où la lande succède à la forêt suite aux anciennes pratiques pastorales.
Les zones humides ouvertes plus ou moins tourbeuses : elles composent parmi les milieux les plus riches de la forêt en termes de flore ; On y retrouve les landes humides avec la bruyère à quatre angles (Erica tetralix) les prés paratourbeux avec le jonc aigu (Juncus acutus). Cette richesse biologique concourt à la diversité paysagère qui fait une part de la valeur du massif.
Les mares, les étangs, les rigoles et les fossés, le plus souvent artificiels, hérités notamment de Louis XIV ; ces dispositifs ponctuels ou linéaires, outre leur valeur patrimoniale et paysagère (trouées de lumière, diversification des ambiances), présentent souvent un grand intérêt écologique avec la présence des groupes aquatiques et amphibies telles les amphibiens ou les odonates (libellules) en particulier dans le cadre la matrice forestière.
- Cartographier les zones humides en détail.
- Encourager la réalisation de plans de gestion paysager et écologique.
Les prairies pâturées, les pelouses naturelles et artificielles, les cultures à gibier, qui occupent des surfaces plus faibles que les grandes clairières agricoles, davantage imbriquées aux arbres, prenant même par endroits un aspect de petit bocage ; La connexion forêt bocage offre des paysages et des milieux écologiques particulièrement intéressants pour la biodiversité.
Les chaos rocheux, moins nombreux qu’à Fontainebleau, mais néanmoins présents ponctuellement, sous forme de tables et de blocs de grès : les rochers d’Angennes, près de Poigny-la-Forêt, la barre gréseuse de Rochefort-en-Yvelines ; par leurs formes lisses, leur amoncellement, les reliefs qu’ils imposent, les sols sableux qui les environnent, leur mélange aux arbres qui les accompagnent, ils contribuent à l’aspect pittoresque de la forêt de Rambouillet.
Un patrimoine animalier attractif
Au patrimoine naturel et culturel de Rambouillet s’ajoute la présence des animaux sauvages, plus dense que partout ailleurs dans le département et qui fait une part de l’attractivité de la forêt : les cerfs, les sangliers et les chevreuils, sans être facilement visibles, contribuent, par le seul espoir qu’ils font naître de pouvoir les apercevoir, à pimenter les promenades en forêt. A la saison du brame, beaucoup de visiteurs viennent vibrer le soir et la nuit au son grave et puissant des cerfs qui résonne en forêt ; les chasses à courre drainent toute une catégorie de suiveurs passionnés. Toute l’année, l’Espace Rambouillet ouvre au public ses trois parcs animaliers étendus sur 250 ha : la forêt des cerfs, la forêt des aigles, la forêt sauvage, auxquels s’ajoute un parcours dans les arbres (l’Odyssée verte). Il faut y ajouter non loin de là la réserve zoologique du parc du château de Sauvage à Emancé, développée sur 36 ha, nichée dans la vallée de la Drouette.
La chasse à courre, la chasse en battue et la chasse au tir permettent de réguler les populations, et de les rendre compatibles avec la régénération de la forêt et l’accueil du public.
- Préserver et gérer les sites particuliers au sein de la forêt, notamment les chaos rocheux.
- Lutter contre la fermeture de ces milieux en éclaircissant les sous-bois.
- Créer de nouvelles ouvertures et des clairières pour l’attractivité de la promenade et les besoins de la faune.
Une forêt intensément pratiquée, de plus en plus aménagée pour le public, les paysages et les milieux
Rambouillet est l’une des forêts les plus fréquentées de France, le deuxième d’Ile-de-France après Fontainebleau, avec 11 millions de visiteurs annuels (estimation issue de l’enquête de fréquentation des forêts publiques d’Ile-de-France du CREDOC, 2001, Conseil régional d’Ile-de-France et Préfecture d’Ile-de-France). Les activités y sont diverses :
- promenade familiale à pied, à bicyclette ou à cheval,
- pratique sportive : randonnée pédestre ou équestre, cyclotourisme, course d’orientation, courses pédestres,
- accueil d’enfants et sorties naturalistes,
- parc animalier,
- chasse et pêche.
Cet attrait a conduit l’Office National des Forêts (ONF) et les collectivités locales à aménager progressivement la partie publique de la forêt à partir des années 1970 à des fins récréatives et non plus strictement sylvicoles. Aujourd’hui la forêt domaniale compte des routes touristiques fermées et des pistes cyclables (68 km), des sentiers de randonnée (92 km), trois sentiers de découverte de la nature, qui s’ajoutent aux équipements touristique d’accueil du public (stationnements, aires de pique-nique etc) et à l’Espace Rambouillet.
A ces aménagements s’ajoutent plus récemment des dispositions en faveur de la biodiversité qui devraient progressivement faire évoluer le paysage forestier de Rambouillet : de nombreuses ZNIEFF ; deux sites Natura 2000 au titre de la Directive Habitat (2 731 ha) ; un site Natura 2000 au titre de la directive Oiseaux sur l’ensemble du massif domanial (13 750 ha), avec des contrats signés depuis 2007 ; une vingtaine de réserves biologiques dirigées , couvrant 1 156 ha, le plus souvent liés à des milieux palustres forestiers, comme les mares ; des Réserves biologiques intégrales (206 ha) ; 140 îlots de vieux bois implantés selon un maillage kilométrique en 2009-2010 ; des dispositions de gestion spécifiques (préservation d’îlots paysagers lors des ouvertures en régénération à proximité des sites et itinéraires fréquentés, gestion progressive des lisières internes et externes , maintien de bois mort…). (chiffres ONF 2011)
S’y ajoutent la réserve naturelle régionale des étangs de Bonnelles, les sites classés et inscrits, les monuments historiques, les espaces naturels sensibles (ENS), les périmètres régionaux d’intervention foncière (PRIF).
Des coupures liées aux infrastructures et à l’urbanisation linéaire
<diapo-art|docs=rambouillet_1906_carto.jpg,rambouillet_2013_carto.jpg>Rambouillet en 1906 et aujourd’hui (extraits cartographiques IGN) : le puissant développement de la ville s’est opéré en nord-sud à la faveur de la « nouvelle » RN10 et vers l’est. Désormais bordée ou prise par l’urbanisation, la route nationale offre 5 à 6 kilomètres peu intéressants en termes de paysage, largement pris par les murs anti-bruit. Il s’agit pourtant d’une « porte » d’importance départementale et même régionale, entre Yveline forestière et Beauce cultivée. L’ensemble crée par ailleurs une coupure au sein du vaste système forestier de Rambouillet, entre est et ouest.